De nos jours, on pourrait croire que tout est normal, seulement dans l’obscurité grandit une ombre, celle d’une créature que l’on ne côtoie normalement que dans les contes et les légendes. Pourtant, la vérité est tout autre et n'est pas celle que l'on se persuade de croire. Depuis la nuit des temps, des créatures ressemblant trait pour trait aux humains, mais qui se nourrissent de sang et qui semblent dotées de capacités inhumaines, vivent parmi nous ; les vampires.
À travers les âges, différents évènements ont pris place et ont créé l’histoire que vous pourrez découvrir en allant lire la chronologie de Mihara. Celle-ci est importante pour comprendre les lois maintenant imposées à chacun, et les batailles que tous ont mené pour obtenir une paix commune et un secret bien gardé.
En ce qui concerne le présent, nous sommes en 2022, dans la ville de Mihara [Kyūshū] (ville fictive) au Japon. Afin de commencer votre histoire ici-même, deux choix s’offrent à vous : celui d’incarner un humain ou bien un vampire. Lorsque votre décision sera prise, vous avez différents groupes qui permettent de créer plus de diversités au sein du forum. Vous pourrez tous les découvrir en lisant l’explicatif des groupes.
27 aoû 2023Veuillez lire ce sujet pour voir l'annonce de la fermeture du forum. Celui-ci reste existant pour permettre à ceux qui le souhaitent de poursuivre les liens et rps avec les membres encore présents.02 fév 2023Un recensement est en cours à partir d'aujourd'hui, il se termine le 9 avril à 23h59. Celui est obligatoire, vous pouvez le trouver sur ce sujet.02 fév 2023Dès aujourd'hui et pour une période indéterminée, nous préférons refuser les feat pour vos avatars avec des cheveux blancs, si ceux-ci sont justifiés par autre chose qu'une coloration. Merci de votre compréhension et coopération.26 dec 2022Noël est passé, l'event est terminé, les mps envoyés, pensez à laisser un petit mot sur ce sujet, de bonnes fêtes à vous ♡22 dec 2022Déjà un mois depuis l'ouverture, pour votre plus grand plaisir, l'édition du Mihamag fait son retour, vous pouvez la lire sur ce sujet, bonne lecture à vous ♡22 nov 2022Après deux ans d'absence, Mihara vous ouvre, une nouvelle fois, ses portes ! Lisez l'annonce qui vous expliquera tout !
Chaud. Il fait agréablement chaud. De sa gorge s'échappe un léger soupire de bien-être, alors que son corps commence à se mouvoir, à la recherche d'une source supplémentaire de chaleur. Sa main finit par atteindre sa cible ; Le bord d'une couverture qu'elle fait glisser jusqu'à son cou. Délicate. Quelques secondes s'écoulent avant qu'elle ne se décide à ouvrir les yeux, battant des cils afin de s'habituer à la lumière du jour qui inonde déjà la pièce. Un bâillement. Ses méninges s'activent, ses yeux inspectent les lieux, descendent vers le bras qui tombe lourdement sur ses côtes. De nouveau elle ferme les yeux, rapproche doucement son corps de celui de son hôte - si c'est encore possible -. Cette chaleur... C'est bien trop agréable pour qu'elle l'abandonne tout de suite. Trop agréable pour qu'elle ne la désire plus jamais. Ça faisait longtemps qu'elle ne s'était plus réveillée ainsi, contre quelqu'un. Longtemps qu'elle n'avait plus dormi sans s'agiter, sans se réveiller au moindre mouvement, au moins bruit, ou juste comme ça.
Mais les vieilles habitudes ont la vie dure et, au bout de quelques longues minutes qui lui parurent bien trop courtes, la jeune femme décida qu'il était peut-être temps pour elle de se lever.
À contre cœur, et surtout avec la plus grande prudence, Satomi se libéra de l'étreinte de l'inspecteur et se glissa hors du lit. Elle jeta un coup d'oeil à l'homme encore endormi, hésitant un peu avant de se pencher et de le couvrir avec la couverture. Sans doute le dernier geste tendre qu'elle pourra lui accorder...
Cette journée, elle l'appréhende. Un peu. Beaucoup.
Elle réajuste son soutien-gorge, récupère son bas et quitte la chambre d'un pas léger, telle une petite souris qui tente de s'échapper. Sans un bruit, elle referme la porte derrière elle, peu désireuse de réveiller Cassandre. L'air ambiant lui donne la chair de poule et elle pousse un long soupire avant de s'étirer, puis se rendre dans le salon où elle a laissé sa robe et son sac.
Elle pourrait filer, simplement. Partir comme une voleuse. Mais tout l'en empêche. La fierté. Ses principes. Ces sensations qui ne l'ont plus quittée depuis hier soir, comme collées à sa peau, ancrées dans son coeur.
Elle s'en va donc plutôt à la recherche de la salle de bain, salle qu'elle trouve facilement et dont elle admire la propreté. Tout est bien rangé, et il flotte dans l'air une odeur à la fois légère et agréable. C'est très plaisant, la jeune femme estimant qu'une personne incapable de prendre soin de sa salle de bain - qui est censée être la pièce la plus propre de la maison - est incapable de prendre soin d'elle-même.
(...) Après une bonne douche - qu'elle s'est permise sans vraiment se sentir à l'aise -, Satomi se rhabille et finit sa toilette tout en restant attentive au moindre bruit. Rien. Bon, il faut croire que l'inspecteur avait vraiment besoin de repos. Heureusement qu'elle garde toujours une brosse à cheveux et une brosse à dent (bien protégée) dans son sac, juste au cas où. Elle aurait été bien embêtée dans le cas contraire, car elle déteste se sentir sale. Le simple fait d'avoir dû remettre les mêmes sous-vêtements et la même robe que la veille la dérange déjà beaucoup, même si elle ne les a porté que quelques heures au final. Donc rien de grave, sauf pour elle.
Une fois prête, la jeune femme retourna dans le salon sans trop savoir quoi faire. Elle n'osait pas vraiment fouiller dans les armoires, et encore moins se faire quelque chose à manger. Alors, tout ce qui lui reste à faire, c'est passer le temps sur son portable. Et tenir compagnie à Mino aussi, qui semblait avoir émergé pendant qu'elle se préparait... Ce qu'elle fit en attendant le réveil de l'inspecteur.
Cassandre ouvrit doucement des yeux. La lumière du jour l'avait réveillé. Il avait l'impression d'avoir un million de pierre dans la tête et d'avoir beaucoup trop dormi. Il n'était pourtant pas du genre à faire la grasse matinée, mais il n'aurait pas dit non à quelques minutes de plus. Voire même quelques heures. Ah. Il devait ramener Mino chez son père pour onze heures et demie. Il fallait qu'il se lève. Il était malade. S'il ne le ramenait pas, son père s'inquiéterait. Il s'étira et jeta un coup d'œil à son téléphone portable, neuves heures passé C'était peut-être son jour de repos, mais il ne devait pas se laisser aller de la sorte. Il était un peu barbouillé. La conséquence du Macallan de la veille. Il passa une main de ses cheveux hirsutes et fila dans la salle de bain à laquelle il pouvait avoir accès depuis sa chambre. Comment est-ce qu'il était rentré hier, déjà ? Il ne se souvenait plus où est-ce qu'il avait garé sa voiture. Une fois sorti, il attrapa rapidement quelque chose à se mettre sur le dos. Un pull et un pantalon, rien de bien recherché, mais largement suffisant pour la journée qu'il l'attendait. Il descendit les escaliers et se figea, silencieux, tétanisé.
Satomi. Satomi ! Il distinguait son dos, elle était posée sur le canapé, visiblement absorbé par son téléphone. Si Cassandre avait essayé de se coiffer, c'était maintenant raté. Il avait passé la main dans ses cheveux et demeurait immobile, absolument horrifié. D'accord, d'accord. Ça lui revenait. Il avait bu. Il avait TROP bu. Ils avaient...elle et lui... sur le plan de travail ? Dans son lit ! Une pensée le glaça : si sa grand-mère l'apprenait, non seulement, il perdrait toute sa conscience, mais en plus, elle ne lui pardonnerait jamais. Ils avaient beau être deux adultes consentants, lui non plus ne pourrait pas se pardonner. Il avait failli à son devoir. À présent, vie privée et professionnelle s'entremêlait et la protéger en ne faisant preuve d'aucun état d'âme serait compliqué. Cet écart de conduite pourrait coûter très cher à la famille Nakamura.
Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Est-ce qu'il était simplement en manque d'affection ? Cassandre était complètement perdu. Et elle, est-ce qu'il n'avait été qu'un jouet ou est-ce qu'une affection plus grande était née de cette soirée ? En toute logique, il valait mieux qu'elle ne se soit pas attachée. C'était mieux ainsi. Il l'imaginait mal se prendre d'intérêt pour un abruti de deux-mètres de toutes façons.
Il se décida enfin à descendre les escaliers et découvrit dans le salon une Satomi vêtue comme la veille. Ah, non ! Elle n'avait pas de change. D'accord. Il irait lui en prendre. Et vu qu'elle était là, il en profiterait pour l'amener chez ses parents, lui prêter ses livres et rendre Mino à son père. Il scanna brièvement la pièce. Pas de trace de petit-déjeuner. Elle devait avoir faim. Sans même un bonjour, il s'engouffra dans la cuisine et s'empressa de sortir deux verres et deux tasses, allumer sa cafetière, ramener cinq variétés de thé différentes sur la table du salon, vérifier ses placards et ouvrir le frigo. C'est bon, il avait tout ce qu'il fallait. Il referma brutalement :
- Qu'est-ce que tu veux manger ? J'ai du café, du thé, du jus, de l’eau, du riz, de la soupe miso, des œufs, du bacon. À moins que tu ne préfères autre chose ?
Il attrapa le collyre de l'oiseau et ouvrit sa cage d'un air pensif :
- Sale bête ! Sale bête ! pialla l'animal
Mino avait appris beaucoup de mots durant son séjour chez lui. Quelle intelligence. C'était fascinant. Il battit des ailes, mécontent du traitement que lui infligeait son hôte. Oui, oui, laisse-toi faire, c'est pour ton bien... Bon, ça, c'était fait.
Il se tourna vers son invité et l'examina. Quelle taille elle faisait ? Il n'en avait aucune idée. Il devrait faire sans ses détails. Et quel vêtement est-ce qu'elle aimait...? Après sa tasse de café, il irait rapidement au magasin pour qu'elle puisse enfiler quelque chose de plus confortable.
Des bruits de pas, de portes, l'eau qui coule. Peu à peu, l'appartement prend vie, à la grande satisfaction de la jeune femme qui commençait à s'inquiéter de l'état de santé de son hôte. Et qui serait donc certainement retournée dans la chambre pour le secouer un peu, quitte à finalement fouiller partout pour prendre soin de lui. Une idée qui l'aurait quelque peu embêtée. Non pas pour le geste en lui-même mais plutôt pour l'inquiétude qu'il pourrait trahir. Satomi a bien trop l'habitude de se protéger, de se cacher derrière la distance et le manque d'intérêt... Sauf que l'inspecteur l'a déjà bien compris, à en juger par ses mots de la veille, lors de la soirée. Un dilemme qui l'aurait sans doute torturée et poussée à céder à sa faiblesse si l'homme ne s'était pas levé. Et céder à sa faiblesse, c'est certainement ce que la demoiselle redoute et méprise le plus. Cette simple idée provoque en elle un frisson qui lui donne des sueurs froides.
Ses épaules s'affaissent et, l'espace un instant, elle cesse de pianoter sur son écran pour respirer profondément, soulagée.
Pas de bonjour ? Ok. Elle observe du coin de l'oeil la silhouette de l'inspecteur tout en envoyant un petit message à son meilleur ami, curieuse. À cet instant, alors qu'il dépose du thé sur la table, plusieurs questions fusent dans son esprit mais elle s'abstint d'en faire part à Cassandre pour mieux l'observer. Elle aussi, elle a cerné certains aspects de l'inspecteur, même si certains sont encore plus violents qu'elle ne l'imaginait. Du moins, c'est ce qu'elle tente de vérifier plutôt que de lui cracher à la figure d'entrée de jeu. Et poser certaines questions reviendrait justement à lui cracher dessus, du moins dans un tel contexte. Et loin d'elle cette idée qui sera, pour sûr, comprise de cette façon.
C'est étrange tout de même, mais cette retenue prouve non seulement à quel point les autres l'ont enfermée dans un rôle, mais aussi ô combien son "protecteur" est parvenu à toucher quelque chose en elle. Car Satomi, c'est une impulsive, franche, qui ne prévient pas et tente de guérir après. C'est ce qu'elle aurait dû faire. Mais non... Elle prévient pour lui, manque de franchise pour tous ces gens qui ne sont pourtant pas présents.
Un petit sursaut, surprise. Un soupire. Ouais, ben parfois Satomi doit s'exprimer aussi, au diable la retenue. 《Bonjour à toi aussi ! T'es chez les brutes aujourd'hui ?!》 Elle verrouille son portable et passe une main dans ses cheveux, laissant planer un petit silence. Ne pas prévenir. Guérir. Génial. 《Désolée...》 C'est juste qu'elle ne s'attendait pas à tant de violence avec cette pauvre porte. Surtout dès le matin. De quoi agiter de nouveau son esprit avec ces foutues questions. 《Euh, je prendrai bien un peu de thé vert. Et... peut-être du riz avec des œufs ?》 Elle aurait préféré refuser, mais la faim la tiraille maintenant qu'on lui parle de nourriture. Elle ne l'en remercie pas !
Derrière Mino s'agite. Sale bête ? Elle, elle le trouve surtout adorable. Il aura été de bonne compagnie en attendant le réveil de l'inspecteur. La jeune femme dépose son portable sur la table et se redresse, venant caresser l'oiseau - qui colle sa tête aux barreaux de sa cage - du bout du doigt. 《Ta voiture est devant. Mon dépanneur s'en est occupé.》 Juste pour le prévenir. 《Et tu ne me dois rien.》 Et aucune négociation n'est possible, ça s'entend à son ton.
Elle s'éloigne de la cage de l'oiseau qui retourne à ses occupations pour se rapprocher de l'inspecteur. 《Tu manges avec moi ?》
Cassandre se redressa, regarda Satomi, puis regarda son frigo d'un air confus. Il n'avait pas rien remarqué, il l'avait vraiment claquée...? Il lui semblait l'avoir fermé normalement, mais il ne la pensait pas capable d'inventer quoi que ce soit ou de se plaindre pour quelque chose de dérisoire :
- Non, ne t'excuse pas, c'est moi. Je n'ai pas fait attention.
Œufs, riz, thé vert. Très bien. Il s'exécuta immédiatement tout en se préparant un café. Il en allait avoir besoin s'il voulait venir à bout de cette journée. Du coin de l'œil, il la vit caresser ce pauvre animal malade. Au moins, avec elle dans les parages, il cesserait un peu de pallier pour un oui ou pour un non. Combien de fois est-ce qu'il ne l'avait pas réveillé en plein milieu de la nuit ? Évidemment, il suffisait que des invités viennent et s'intéressent un peu à lui pour qu'il agisse comme un ange. Ce n'était peut-être pas plus mal.
Il était donc rentré en voiture avec Satomi ? Il se souvenait du gros de la soirée, mais il lui fallait quelques efforts pour se rappeler de certains détails. Toujours concentré sur sa tâche, il plissa les yeux. Maintenant qu'elle le disait, il se rappelait des lumières à l’intérieur du véhicule, de la sensation de vitesse, de cette main qu'elle avait posé sur lui...Et aussi de Rika qui lui avait volé ses clefs. Il avait donc une voiture dont il ne pouvait pas se servir. Il tourna des yeux surpris vers la demoiselle :
- Merci, c'est gentil. Je dois encore demander à Rika de me rendre mes clefs. Elle doit encore dormir à cette heure-là. Marmonna-t-il dans sa barbe.
Il prit rapidement son téléphone pour lui envoyer un message en lui indiquant qu'il voulait la voir en bas de chez-lui dans une heure et en précisant qu'il lui donnerait du jus de tomate si elle se sentait encore barbouillée. De nouveau plongé dans ses pensées, il sursauta en voyant Satomi si proche :
- Je n'ai pas faim.
Il la fixa et resta muet quelques instants, comme un enfant intimidé par un adulte. Dit comme ça, c'est comme s'il refusait de manger avec elle. Comme si elle avait fait quelque chose de mal :
- À cause de l'alcool. J'ai trop bu. Je ne me sens pas très bien. En effet, l'odeur des œufs lui soulevait le cœur.
Il s'accouda au comptoir en attendant que le riz cuise.
- Et puis, il faut encore que l'on passe chez mon père pour ramener Mino et te donner tes livres.
Donc il devait récupérer sa voiture et acheter des vêtements à Satomi au cas où elle voudrait se changer, puis les laver parce qu'il était hors de question qu'elle mette quelque chose sorti du magasin. Ah, c'est vrai, il devait prévenir son père qu'il viendrait accompagné. Sans même la consulter ou lui demander son avis, (ça ne lui traversait tout bêtement pas l'esprit et il était davantage concentré sur ses clefs disparues) il envoya un message à son père. Il versa le thé de la miss dans un verre à thé et lui tendit, avant de lui-même se servir un café, ô précieux liquide sans lequel il ne pourrait plus vivre.
Il réfléchit à quelque chose de gentil à dire. Il pourrait lui demander si elle avait bien dormi, si elle regrettait ce qu'ils avaient partagés, comment elle se sentait ? Ou lui expliquer à quel point tout cela comptait pour lui... lui dire qu'il avait affreusement peur de la décevoir...
- Attention, c'est brûlant.
Il allait bien falloir trouver un moment pour lui expliquer tout ce qu'il se passait dans sa tête. Lui-même n'était pas sûr de le savoir.
La réponse fût si rapide et sèche que la jeune femme en fronça les sourcils, comme s'il venait de l'insulter de louve - dans le mauvais sens du terme - ou de lui reprocher tous les maux du monde. Un instant de silence, durant lequel elle essayait de comprendre, alors que son regard ne laissait pas d'autres choix à son interlocuteur que de lui fournir une explication valable. L'alcool. Elle se détendit quelque peu, lança un rapide "ok" avant de s'éloigner d'un bon mètre. Boarf, ce n'est pas comme si ça allait changer grand-chose pour elle. Elle mangeait avec sa mère avant, pour le petit-déjeuner. Parfois, son père. Maintenant, il ne reste que son père, parfois. Tout dépend de son emploi du temps. Satomi avait fini par s'y faire, même s'il fallait avouer que c'était difficile pour elle au début. Loin des Nakamura l'idée d'engager une bonne à tout faire, l'héritière a pris l'habitude de se forcer à cuisiner, à se préparer quelque chose de sain et bien équilibré. Ô elle le fait avec grand plaisir quand elle sait que son père n'a pas encore quitté le domicile familial, mais si c'est pour être seule, elle préfère faire vite.
Le "on" l'interpella. Du coin de l'oeil, Satomi examina l'inspecteur sans prononcer le moindre mot. Quand elle comprit où il voulait en venir, elle se mit à grimacer légèrement. Pas que l'idée lui déplaisait, mais plutôt qu'elle avait l'impression qu'il allait se forcer à bouger de chez lui. S'il n'avait pas semblé si froid il y a même pas cinq minutes, elle aurait certainement laissé coulé, lui aurait parlé avec douceur. Mais savoir qu'il peut paraître plus froid qu'il ne l'est en réalité ne l'excuse pas pour le coup. Parce que là, la jeune femme commence vraiment à se demander si elle n'aurait pas dû partir dès son réveil. Ironiquement, Satomi elle-même peut s'avérer froide parfois, et il lui en faut plus pour qu'elle le prenne personnellement. Mais là, elle se sent juste piquée au vif. 《Si tu n'es pas bien, les livres peuvent attendre. Et moi aussi. Ce n'est pas une obligation.》 dit-elle simplement, distante. Et pour Mino, ben c'est à lui de s'arranger avec son père. Les imprévus arrivent après tout. Sa présence en est la preuve.
La demoiselle prit délicatement son verre, veillant à ne pas se brûler, comme il le lui conseille si bien. Un hochement de tête. 《Merci.》 Sans ajouter le moindre mot, elle retourna dans le canapé face aux autres thés qui étaient encore sur la table basse. Ses doigts glissaient le long du verre, comme si elle cherchait tout de même à se brûler ou plutôt, à voir combien de temps elle peut laisser son doigt à tel ou tel endroit avant de céder. 《Il habite loin ton père ? On peut toujours y aller avec ma voiture si ta cousine ne t'a pas ramené tes clés d'ici là.》
Cassandre était trop affairé à préparer le repas pour la regarder. Il voulait que tout soit prêt au plus vite. Elle devait avoir faim et il voulait tout faire pour être un bon hôte. C'était comme ça qu'il avait été élevé, mais il souhaitait simplement que chacun se sente bien chez lui. Il savait qu'il n'était pas doué avec les mots (Il avait encore eu l'occasion de le démontrer à l'instant... non mais franchement, il aurait pu dire n'importe quoi d'autres qu'attention, c'est chaud."). Il devait compenser autrement. D'autre part, les actions avaient plus de poids que les mots. Les belles paroles n'avaient aucune consistance et il ne voulait pas laisser son invité l'estomac vide. Il se retourna d'un coup et prit un air très sérieux :
- Non. Ça va. Et puis c'est de ma faute. Je ne veux pas te faire attendre.
Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux. Allez… allez tu peux le faire, c'était important, elle devait savoir :
- Premièrement, parce que je te l'ai promis, pour me faire pardonner certes, mais pas que. Je... j'ai passé une très très bonne soirée hier, c'est une façon de te montrer ma gratitude. Je ne me force jamais à quoi que ce soit. Si je voulais rester seul, tu serais déjà dehors.
Fichue cousine. Son père habitait suffisamment loin pour qu'il n'ait pas envie d'y aller à pied et pour mettre assez d'espace entre Cassandre et sa mère. Encore qu'il songeait à complètement quitter la ville parce que l'ignorer ne suffisait pas à la faire fuir. Heureusement pour lui, son père était d'une nature plus tranquille et il le laissait vivre sa vie (et parvenait à calmer les excès de sa mère) sans lui poser de questions. Ils avaient beau s'appeler rarement, les deux restaient complice.
- Oui ça vaut mieux. Il habite à 15 minutes en voitures.
Il poursuivit la préparation du petit-déjeuner avant de sortir une assiette et un bol et de lui servir le riz et les œufs. Il fit quelques pas en arrière et l'étudia des pieds à la tête. Pas facile de déterminer quelle taille elle faisait, ou quels vêtements elle aimait. Faire les courses allait être compliqué. Il devait aussi attendre qu'elle finisse de déjeuner... ou plutôt il devait rester assez longtemps pour qu'elle ne se sente pas abandonnée. Disons : dix minutes. C'était bien.
Il prit son café et s'assit à côté de Satomi avec aucune idée de ce qu'il était censé faire. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait sûrement observé ses moindres faits et gestes, mais cette manie avait le chic de mettre les autres personnes mal à l'aise. Alors il devait trouver quelque chose de plus conventionnel. Il prit un air concentré et sorti son téléphone portable et... il finit n'importe quoi. Il triturait ses applications sans appuyer sur aucune dans l'espoir d'avoir l'air occupé. Et après Sept secondes exactement, il décida de porter sa tasse de café à ses lèvres. Pour avoir l'air tout à fait serein et normal, chaque gorgée devait être espacée de sept à quinze secondes. Maintenant, trouver quelque chose à dire. Quelque chose de bien cette fois :
- Tu n'as aucun regret ?
Il ne le montrait pas, mais la réponse le terrifiait. Lui n'était pas tout à fait certain de ce qu'il ressentait, mais il savait au moins qu'il aurait du mal à accepter le fait qu'elle ait passé un mauvais moment à ses côtés. Même si c'était la petite fille de quelqu'un qu'il estimait, il avait conscience que ce moment n'appartenait à personne d'autre qu'eux seuls. Si c'était à refaire... il soupira intérieurement, sa conscience professionnelle importait plus que ses sentiments personnels, et pourtant Satomi avait réussi à l'en faire douter sans même essayer. Il aimerait dire que même sobre, il n'aurait pas répondu à ses avances, mais il se connaissait assez bien pour savoir qu'au bout du compte, serait venu un moment où il aurait cédé. Même sans contact physique, il ne pouvait ignorer ce que son cœur réclamait.
Attendre. Elle s'en fiche pas mal. Peut-être ne se soucie-t-elle pas assez des autres pour être considérée comme quelqu'un d'attentionné, mais loin d'elle l'idée de faire plus de mal que nécessaire. Du moins, volontairement parlant. Cassandre avait beau l'avoir chiffonnée à l'instant, elle ne voulait pas pour autant qu'il se force plus que nécessaire pour elle. D'une part parce que ça pourrait l'offenser davantage et d'une autre parce qu'elle est aussi capable de compassion. Alors, elle était prête à insister, à montrer qu'elle aussi, elle pouvait être têtue. Mais c'était sans compter sur les mots de l'inspecteur, des mots qui vinrent soudain mettre un poids sur son coeur. De nouveau, elle éprouve cette sensation, à la fois désirable et désagréable.
Elle pourrait répondre bien des choses et pourtant, elle n'en fait rien. Pas parce qu'elle a peur, non ; elle doit juste prendre le temps de prendre un peu de recul. Juste un peu. Prendre le temps de traiter l'information et de se convaincre que ce ne sont que des paroles parmi tant d'autres. Même si elle sait, au fond, qu'il n'en est rien, qu'ils sont lourds de sens. Comme un merci. Il n'y a pourtant rien de particulièrement attendrissant dans tout ça. Mais c'est la sincérité et la franchise de ses mots qui percutent la jeune femme, qui devine qu'il ne doit pas s'exprimer de la sorte tous les jours. Un détail qui vient s'ajouter à d'autres.
En une soirée, Satomi avait découvert en Cassandre... Tout ce qu'elle voulait. Pas grand-chose, mais des choses importantes à ses yeux.
Sans rien dire, sans rien montrer, elle attendit patiemment dans le canapé, se contenta de relever la tête et de le remercier lorsqu'il vint lui apporter de quoi manger. Le temps de réfléchir à ce qu'elle allait faire - être honnête ou se taire -, elle prit déjà quelques bouchées. Ouais, elle avait vraiment faim, mais prenait quand même son temps, se stoppa lorsque la voix de son hôte s'éleva. Un instant de silence. Instant durant lequel elle pesa le pour et le contre.
Délicatement - et temporairement-, elle abandonne son repas pour se concentrer sur l'inspecteur. Elle... Elle meurt d'envie de se rapprocher, de poser sa tête sur son épaule. Un simple geste qu'elle lui offrirait en guise de réponse. Mais non, elle ne peut pas. Elle ne doit pas. Et prendre sur elle est presque douloureux.
《Mon unique regret...》 Une pause. 《... Ne te concerne pas.》 Un soupire. 《Et pour ce que tu disais tout à l'heure, tu n'as rien à te faire pardonner, et pas de raisons de m'exprimer une quelconque gratitude. Je te l'ai dis, non ?》
Il est déjà pardonné. Il n'a pas à te remercier.
《Si l'occasion se représentait, je ferais exactement la même chose. Sans regrets.》
Elle insista du regard, avant de le détacher de son hôte, reprenant son repas.
《Je ne te retourne pas la question et je ne veux rien entendre, sinon on risque de se fâcher et je n'ai pas envie de commencer ma journée de cette façon.》
De longues secondes, qui lui paraissent interminables. Il aurait pu imaginer mille et un scénario pour deviner ce qu’il se passait entre les deux oreilles de Satomi, mais l’anxiété le rongeait trop. Cassandre avait beau être de nature nerveuse, seulement une poignée de personnes parvenaient à le mettre autant à cran. Ses pensées fusaient tellement qu’il n’arrivait à n’en saisir aucune. Il était contraint de laisser les secondes s’écouler et faire face à son appréhension.
Aïe, ça commence mal. Il avait tourné les yeux dans sa direction, concentré. Un regret, ce n’était pas agréable, ça lui faisait mal même, mais il était prêt à l’accepter, à faire ce qu’il fallait pour s’améliorer. L’inquiétude fut vite remplacée par le soulagement. Il aurait eu honte d’admettre à quel point son avis comptait. Lui qui ne remarquait même plus les regards désapprobateurs, lui qui ne sourcillait pourtant jamais. En revanche, ses paroles demeuraient cryptiques et il n’avait qu’une vague image de ce à quoi elle faisait référence… Tout compte fait, il n’avait pas envie qu’elle s’étale sur la question. Hier, il avait été le premier à mettre fin à leur jeu. Même s’il préférait ne pas l’avoir froissé, il ne regrettait pas et ses doux yeux n’auraient pas suffi à le faire flancher. En somme, et à par si la miss le souhaitait, parler de cela n’avait pas grand intérêt.
Cassandre resta immobile. Il ne hochait pas la tête, ni ne montrait s’il était d’accord avec la demoiselle. « Tout était pardonné ». Bon, oui, il avait bu, mais il se souvenait très bien qu’elle lui avait déjà dit :
- Pardonné ou pas, j’honore toujours mes promesses.
Avec ce qui aurait peut-être pu ressembler à un début de sourire, et après une gorgée de café (cela faisait des plus de quinze secondes.), il ajouta :
- En principe, ce serait plutôt à moi de décider si j’ai suffisamment de raison pour t’être reconnaissant, ou pour te montrer, par mes actions, le fond de ma pensée.
Autre gorgée, puis un coup d’œil à sa montre. Bientôt dix minutes.
Satomi ne voulait pas savoir s’il regrettait. Une partie de lui se disait qu’elle était peut-être tout aussi effrayé à l’idée de savoir s’il regrettait qu’ils se soient ainsi livrés. Néanmoins, ses paroles demeuraient incisives et ses défenses impénétrables. Un mur les séparait, et le pire, c’est que Cassandre, bien loin de l’en empêcher, était le premier à venir y rajouter des briques. Être proche de quelqu’un… ce n’est pas qu’il ne voulait pas, mais plutôt qu’il ne savait pas comment faire et qu’il se préservait. Est-ce qu’il changerait pour la petite Satomi ? Rien n’était moins sûr, mais pour une raison qu’il ignorait, il refusait de la laisser s’isoler sans rien faire.
Du coin de l'oeil, elle l'observe. Aussi bref fût le geste, il suffit pour faire sourire intérieurement la jeune femme. Ce petit mouvement de lèvres... Elle le préférait à sa mine triste de la veille, à ses yeux humides. Si elle peut supporter son air renfrogné, plus elle y repense, plus elle se dit qu'elle n'aurait jamais su comment le consoler convenablement s'il n'avait pas cherché à cacher sa peine dans la voiture. Un geste qu'elle ne peut que comprendre, elle qui cherche par tous les moyens à cacher ses faiblesses. Et pourtant... Elle se rappelle encore de cet instant. Cet instant durant lesquel ses propres yeux ont failli la trahir. Pourquoi. Pourquoi avait-il prononcé de telles paroles. Pourquoi a-t-il fallu qu'il la fasse sourire plus d'une fois. Pourquoi a-t-il fallu qu'il soit ainsi ? Ça l'énerve. Ça l'effraie.
Pourquoi... Ce n'est que de passage... Rien de plus.
Après avoir bu une gorgée de son thé, la jeune femme tourna la tête vers son hôte. Silencieuse, elle le regarde de bas en haut, pousse un petit soupire. 《Tu es têtu. Mais si tu y tiens...》 Elle ne peut pas l'en empêcher. C'est à la fois agaçant et agréable. 《Mais tu risques de te faire du mal.》 Une pause. 《Et si je te demandais le fond de ta pensée ? Et si je te demandais tes envies les plus profondes... Tu tiendrais le même discours ?》 Difficile de dire si elle le met en garde, au défi, ou si elle le provoque. Son regard, à la fois plongé dans ses yeux et dans le vide, et ses dents qui mordillent sa lèvre inférieure, trahissent sa frustration... Celle de ne pas pouvoir le provoquer comme elle le voudrait, en dominant son corps du sien. Elle se retient, prend sur elle, respectant la volonté de l'inspecteur. 《On ne serait pas ici, à discuter, si je t'avais demandé de m'être reconnaissant.》 Ajoute-t-elle avant de pousser un soupire et de finir son petit-déjeuner.
Satomi, elle sait ce qu'elle veut. Et quelques heures ne suffisent pas à la faire changer d'avis. Tout comme la situation actuelle. Mais... Est-ce le cas de Cassandre ? Ou va-t-il "étrangement" changer d'avis maintenant que les effets de l'alcool sont retombés ? L'héritière se redressa, vaisselle en main. 《Tu permets que je fasse ma vaisselle ? Je ne veux pas te laisser tout le boulot.》
Têtu, ça, Cassandre ne pouvait pas le nier. Il n'abandonnait pas ses principes si facilement. Ils étaient ancrés en lui, comme tatoué dans son être, il ne pouvait s'en défaire. Surtout pas pour cette femme, qui avait réussi l'exploit de percer son cœur le temps d'une soirée. À ses mots, il cherche ses yeux, à la fois défiant et concentré, analysant chacun de ses mots, chaque changement dans son expression, pesant le pour et le contre. Se faire du mal ? Il n'était plus à ça près. Évidemment, il préférait éviter toutes souffrances inutiles, mais il balayerait chacune d'entre elle, il continuerait à avancer, à croire en ses choix et à croire qu'il pouvait choisir le meilleur, sans que sa détermination ne s'essouffle jamais.
Son discours lui fait un drôle d'effet dans l'estomac et réveilla sa fougue. Pas seulement celle de l'amant, mais aussi celle de l'homme qui n'admet pas de compromis, qui rétorque la vérité à la face du monde. Le fond de sa pensée...? Ses envies les plus profondes...? En la regardant, il sent que déjà, il fond. Ses yeux restent attachés à ses lèvres, parfaitement immobile, le souffle coupé par l'anticipation. C'est exactement comme hier. S'il écoutait ses envies les plus profondes, il se libérait de ce carquois qu'il l'étouffe et il s'abandonnerait à cette révolte tapit au fond de son être. Les vêtements, le perroquet, le temps, ce contrôle maladif qu'il s'impose...
Après tout, si, quelques années en arrière, il avait écouté ses véritables désirs, il se serait épargné une dispute avec son ami d’enfance. Il ne l’aurait pas blessé. Au lieu de ça, il s’était laissé guidé par la convenance. Il s’interdisait de faire la même erreur deux fois :
- Alors je devrais peut-être laisser tomber les livres.
Lorsqu'il la voit lui parler de vaisselles, il reprend son souffle et se rappelle que jusque lors, il avait oublié de respirer. Satomi a mis ses sentiments sens dessus dessous et elle change de sujet. Pourtant, il ne lui en veut pas. Au contraire, ce désordre est le bienvenu. Et même après tout ça... il sait qu'il ne peut pas l’emprisonner dans son appartement aujourd'hui... Parce qu'il doit vraiment ramener le piaf chez son père. C'est une urgence à laquelle il ne peut se soustraire. Fichu piaf.
S'il n'y avait pas eu ça... alors peut-être que... Cassandre ne réfléchit plus et il s'approche pour lui dérober un baiser. Savourer la douceur de ses lèvres, sans lui demander la permission, sans savoir s'il n'est pas en train de tout casser, mais déterminé à vérifier quelque chose :
- Voilà le fond de ma pensée. Après réflexion, il ajoute : Et mes envies les plus profondes.
D’une part savoir si, comme il l’a bien compris, en plus d’avoir apprécié cette soirée, elle serait prête à la revivre, et d’autre part, pour savoir si lui aussi le veut encore. Maintenant, il le sait, sa grand-mère n’y fera rien, il le veut encore. Cette liberté farouche qui l’habite est bizarrement plus forte que son sens du devoir. Mais un jour, il devra assumer ce que tout cela implique. Le temps d'un flottement il la défit des yeux, mais ne lui laisse pas le temps de réagir et se redresse aussi sec pour reprendre une contenance.
A présent : les vêtements.
- Oui, merci pour la vaisselle. Je dois aller faire une course dehors.
Il ne fait que jouer au même jeu. Lui aussi peut changer de sujet. Il tourna les talons en vitesse et s'engouffra dans l'entrée sans demander son reste. En vérité, il est rouge de honte. C’était sans doute la première fois qu’il se permettait un écart pareil. Manteau, chaussures, clefs ? Il est a déjà claqué la porte et prend l'ascenseur pour sortir et se diriger vers le magasin le plus proche.
Et voilà, il venait de jeter sa raison à la poubelle, aucun retour en arrière possible.
On la dit prudente et réfléchie. On la dit impulsive et téméraire. Sans doute est-elle un savant mélange d'opposés. Hier, elle ne voulait que jouer, jouer avec cet homme qui était parvenu à éveiller son intérêt de part son apparence bien trop plaisante. Un objectif qui, au fil des échanges, s'est peu à peu métamorphosé en quelque chose de bien moins superficiel. Satomi ne pouvait déjà plus nier cette terrifiante réalité ; elle voulait voir jusqu'où il pouvait la percer à jour, à quel point elle pouvait se fier à lui, s'il serait capable - peut-être - de lui offrir ce qu'elle cherche.
Peut-être qu'elle a déjà sa réponse. Peut-être qu'elle commence déjà à l'avoir dans la peau. Son sourire, ses maladresses, ses sous-entendu, son respect, ces petites notes d'humour, cette façon qu'il a de la faire se sentir spéciale sans même s'en rendre compte...Satomi se délecte de tous ces sentiments, sentiments qu'elle n'aurait pas cru vivre de si tôt. Sentiments qu'elle s'était pourtant interdits. Sentiments qui la font trembler du plus profond de son être, dans le bon comme le mauvais sens du terme. Un désir brûlant. Une peur intense. Qu'elle ignore, tant qu'elle ne peut encore.
Ses yeux ne le lâchent pas et, l'espace d'un instant, elle fronce les sourcils d'incompréhension. Elle ne recule pourtant pas, accueillant les lèvres de l'inspecteur avec hésitation sous l'effet de la surprise, puis avec un plaisir coupable. Coupable envers elle-même. Elle se surprend à souhaiter que cet instant dur encore un peu... Mais son souhait n'est malheureusement pas exaucé. Elle n'a même pas le temps de passer sa main dans ses cheveux, ni de réduire la distance entre eux, ni de le rassurer sur ses désirs, qu'il s'éloigne déjà.
Peut-être aurait-elle dû tout lâcher pour le rattraper. Peut-être aurait-elle dû lui dire quelque chose. Mais non. À la place, elle le laisse filer sans comprendre la raison de ce départ soudain. Parce qu'elle sait qu'il le voulait. Alors... Que se passe-t-il soudainement ?
La porte se ferme et Satomi reste encore là un instant avant de se rendre dans la cuisine pour faire la vaisselle, comme convenu. Elle en profite pour faire le vide dans sa tête, se répétant inlassablement que tout ça n'est que passager. Elle a besoin de quelque chose en cette période de l'année difficile, et l'inspecteur le lui offre. C'est sa faiblesse qui la guide, rien de plus. D'ici peu, tout sera finis.
Non.
Le portable de l'héritière vibre. Attirant son attention alors qu'elle range son assiette. Elle finit de sécher ses mains avant de se diriger vers son portable sur lequel est affiché le surnom de son père sur l'écran d'accueil. Satomi ouvre son message, grimaçant en découvrant son contenu ; son père doit partir en Europe pour affaires, afin de voir comment se portent d'autres entreprises de la société. Et la matriarche l'accompagne.
L'enfant soupire, reprend place sur le canapé après avoir finit de tout ranger. Est-ce que ça veut dire qu'il ne sera pas là pour son anniversaire ? Pour son diplôme ? Elle n'en sait trop rien, se contente de répondre par un simple "d'accord" avant de verrouiller son portable.
Cassandre savait qu'un magasin de prêt-à-porter se trouvait à une dizaine de minutes à pied de son immeuble. Naturellement, étant situé dans le quartier de Nagata, il s'inscrivait parfaitement dans le paysage et affichait des prix nettement plus hauts que la moyenne. Satomi n'était pas du genre superficiel, mais il n'avait aucune intention de lui ramener des guenilles. Il pressa le pas, souhaitant faire attendre son invité le moins possible. Après cette soirée, elle avait besoin d'air, à moins que ce ne soit Cassandre qui avait soudainement eu envie d'espace après ce baiser impromptu. La scène se rejoua dans son esprit, comme un disque rayé. Il ne savait pas quoi penser, il ne savait pas quoi faire.
Il était heureux de savoir que Satomi referait certainement la même chose, mais aussi perturbé par l'étrange jeu de non-dit qui pesait sur eux. Quelque chose dans ses mots, lui avait donné l'impression qu'il n'avait pas été qu'un passe-temps et cette idée le rassurait. Satomi le respectait, elle était soucieuse des autres, bizarrement sensible. Jouer les Don Juan le temps d'un soir n'était pas son genre, pourtant, le temps d'une nuit, il s'était laissé emporter. Et pourtant, en cette fin de matinée, Cassandre se sentait lui-même. Il avait l'impression de s'appartenir et, même s'il avait l'impression d'avancer dans le noir et de franchement faire n'importe quoi, cette rencontre ne l'exaspérait pas.
En rentrant dans le magasin, l'inspecteur pensa que connaître les mensurations et les goûts de la miss lui aurait été très utile. Ce détail avait échappé à son jugement et il se retrouvait maintenant devant une montagne de pièces qui se ressemblaient plus ou moins toutes. Il fit des pieds et des mains pour expliquer à la petite vendeuse (qui avait affiché une expression crispée quand Cassandre l'avait hélé d'un autoritaire "Aidez-moi.") quelle taille faisait la personne qu'il était censé habiller. Habitué, l'employé su directement le diriger vers des vêtements de saisons, mais dans le doute, il préféra prendre deux tailles différentes pour chaque modèle.
Le mieux aurait été de les laver, il était hors de question qu'il lui donne quelque chose qui avait traîné on-ne-sait où. Une trentaine de minutes après son départ, il reprit le chemin de la maison, des sacs pleins les mains et réfléchissant aux programmes de sa machine à laver, calculant le temps que tout cela prendrait. Il ouvrit la porte, non sans mal et déposa les paquets qui l'encombraient sur la table du salon. Concentré et en enlevant son manteau, il lui expliqua :
- Me revoilà. Je me suis dit que tu ne voudrais peut-être pas aller chez mon père dans ta tenue de soirée, donc j'ai acheté quelques affaires. Je ne sais pas si tu vas aimer, j'ai demandé conseil à la vendeuse. Il faudrait encore qu'on puisse les laver et les sécher... j'ai un programme pour ça dans ma machine, bredouilla-t-il, ça ne devrait pas prendre trop de temps.
Il prit enfin le temps de lever les yeux pour observer Satomi, avant que ses émotions ne viennent le gifler à la figure. Ah oui, il l'avait embrassé et il était parti. Il était un peu penaud, mais ne laissait pas ses émotions le trahir outre mesure. A présent, elle allait peut-être le donner la plus belle claque de sa vie avant de prendre la porte. Quoi que, connaissant le personnage, elle ne serait déjà plus là s'il elle était véritablement fâchée.
Les minutes s'écoulent lentement, se transforment en heures sous l'impatience de la jeune femme. Active sous ses airs d'enfant calme, elle n'a jamais trop apprécié rester en place sans rien faire. C'est d'autant plus le cas dans ce genre de situations, lorsqu'elle est littéralement plantée là, telle une plante verte laissée à l'abandon sans vase ni eau. C'est bien beau mais il manque quelque chose. Ici, il lui manque un sentiment de sécurité. Parce qu'elle ne comprend pas ce qu'elle attend, ce qu'elle fait ici, seule.
Seule. C'est bien là le problème. C'est bien mignon de l'embrasser avant de filer comme un mari le ferait... Sauf que Satomi, elle n'est pas mariée. Et elle ne vit pas ici.
Assise dans le canapé, croulant sous un étrange sentiment de malaise, la jeune femme ne broncha pas lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir et l'inspecteur se rapprocher. Elle s'efforçait de ne pas bouger, de ne pas montrer à quel point le retour de Cassandre était un soulagement.
Mais sa frustration fût rapidement remplacée par la surprise en entendant les explication de son hôte. Satomi leva les yeux vers ce dernier, puis vers les baissa vers les sacs. Il lui fallut quelque secondes pour de décider à regarder tout ça de plus près, toujours silencieuse. Un sourire amusé vint cependant se dessiner sur ses lèvres lorsqu'elle remarqua qu'il lui avait pris deux tailles différentes. Sans doute par précaution. 《J'espère que tu as pensé à m'acheter une armoire, au moins ?!》 Elle leva les yeux vers l'inspecteur. Elle a beau plaisanter, cette petite attention la touche quand même. Il n'avait aucune raison de dépenser son argent de la sorte pour elle.
La jeune femme se redresse, adresse à son interlocuteur un signe de la tête pour lui demander de se rapprocher et se baisser un peu vers elle. Une fois assez proche et à sa hauteur, elle approcha doucement son visage... Et vint déposer un baiser sur sa joue. 《Merci.》 susurre-t-elle à son oreille d'une voix douce et reconnaissante. Puis elle s'éloigne. Juste un peu. Comme pour le laisser respirer.
Elle saisit ensuite les sacs, bouge de quelques petits pas. 《Ne t'en fais pas pour la machine. Ce n'est pas nécessaire et je ne veux pas que tu perdes ton temps pour moi.》 Une pause, durant laquelle elle hausse un sourcil, joueuse. 《Et puis tu tiens tant que ça à être seul avec moi pendant ce temps ?!》
Cassandre ne s'attendait à rien. À vrai dire, il n'avait pas réfléchi à la réaction qu'aurait pu avoir Satomi suite à son baiser surprise, ou au fait qu'il disparaissait pour revenir avec les bras chargés de vêtements. Pour lui, ce geste était tout naturel. Il ne l'aurait pas fait pour quelqu'un qu'il n'appréciait pas, mais pour tous les autres, c'était une non-question. Il attrapa au vol son sourire malicieux et considéra sa remarque avec étonnement :
- Pourquoi tu en voulais une ?
En l'espace de quelques millièmes de seconde, il eut le temps de penser au fait qu'il n'avait décidément pas les moyens de lui acheter une armoire de qualité, puis de se dire qu'elle méritait un dressing entier, avant de réfléchir au fait qu'il devrait sûrement lui un camion pour transposer l'objet chez elle, pour finalement réaliser que ce n'était qu'une blague. Cassandre n'hésita pas un seul instant avant de lui rendre la politesse. Il lui renvoya donc une expression vide, avant d'ajouter, sans la moindre inflexion dans sa voix :
- Ah je vois, très drôle Satomi. Je me tords de rire.
Il allait lui expliquer et lui montrer chaque pièce en détaille, mais elle semblait avoir quelque chose à lui dire. Innocent, il s'approcha et se laissa surprendre par ce baiser sur la joue. Il eut même le temps de sentir la chaleur de son souffle. Le rouge lui monta in extremis aux joues, et il eut soudain très chaud. C'était bête, car ce geste était candide, mais en plus de ne pas l'avoir vu venir, il trouvait ce dernier cruellement mignon et empreint d'une sincérité précieuse. Il bredouilla d'une petite voix, en passant une main dans ses cheveux :
- Ah, non...je...enfin c'est normal. Il faut que tu sois à l'aise quand même.
Machine, pas nécessaire ? Si elle lui disait, c'est que ça devait être vrai. Ok. Ça leur ferait gagner du temps. Cette réponse la soulagea. C'est que le lavage et le séchage auraient pris pas mal de temps, et ça lui triturait les ménages depuis tantôt. Il se détendit quelque peu et hocha la tête. Parfait, c'était parfait.
Son ton provocateur ne le prit pas tant au dépourvu. Il commençait à cerner la miss, et il comprenait à présent qu'elle aimait appuyer sur ses boutons pour provoquer une réaction. Émoi, colère, surprise, culpabilité... elle s'amusait de le voir tantôt gêné, tantôt prêt à répondre à cette valse, jusqu'au moment où Satomi sentait qu'elle avait fait un pas de trop, que quelque chose lui échappait et que dans l'espoir de récupérer ce contrôle, elle mettait un terme à ce petit jeu. Comme hier, soir. Son esprit était plus clair et à présent, la vérité semblait se dévoiler à lui.
Subtilement, Satomi lui rappelait qu'il l'avait laissé seule et au fond, cela l'avait peut-être blessée. Il n'y avait pas songé. Obsédé par ses objectifs, il en oubliait tout le reste. Il la regarde bien en face :
- Tu fais référence au fait que je sois parti tout à l'heure ? Je ne parle pas en sous-entendus. Si tu veux me dire quelque chose, dis-le-moi clairement. Enfin... dis ainsi, ça ressemblerait presque à un défi.
Il fait un pas en avant avec un regard appuyé :
- Ne vienne chez moi que les personnes que j'apprécie. Et il me semble que nous avons passé beaucoup de temps seuls, ensembles. Je pense que tu peux en tirer des conclusions par toi-même.
Cette question - trop sérieuse - qu'il lui offre en guise de réponse la fait doucement sourire. Coupable. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il y songe réellement dans un premier temps. À cet instant précis, elle le trouve juste adorable, comme un enfant encore en proie à la naïveté. La jeune femme ne secouait pourtant pas la tête, ni ne la hochait. L'observer suffisait pour comprendre le fond de sa pensée, les traits de son visage formant un subtile mélange entre amusement et tendresse. Constater qu'il comprit son "erreur" l'allégea d'un poids, malgré le ton blasé de sa remarque. Au contraire, ce dernier encouragea Satomi à remercier comme il se doit son hôte, et à le détendre par la même occasion.
Quelle ne fût pas sa surprise d'apercevoir quelques rougeurs sur le visage de l'inspecteur. Les yeux de la japonaise s'agrandirent, trahissant son étonnant face à cette réaction qu'elle ne souhaitait pas spécialement provoquer, cette fois. Mais elle retrouve rapidement son petit sourire, prête à filer dans la salle de bain pour aller se changer. Mais Cassandre ne semblait pas être de cet avis. Du moins, pas tout de suite. Satomi ne comprit pas directement où il voulait en venir, la confusion déformant son visage. Puis elle comprit, sans pour autant se décider à interrompre l'homme qui lui faisait face. Elle le laisse finir, puis laisse le silence planer autour d'eux pendant un instant. 《J'apprécie ta franchise. Et j'apprécie tout autant que tu me demandes d'en faire autant. Mais je ne faisais aucun sous-entendu.》 Elle marque une pause. Elle n'est pas en colère, loin de là, mais Cassandre peut aisément s'apercevoir qu'elle est très sérieuse. 《Après oui, je me suis demandée où tu étais passé.》 Elle grimace légèrement. 《Je disais juste qu'on aurait passé encore plus de temps seuls s'il fallait attendre que la machine soit finie.》 Elle lui envoie un sourire désinvolte avant de filer pour de vrai cette fois.
Même si elle n'a pas relevé, elle se sent quelque peu flattée. Flattée qu'il l'apprécie assez pour la laisser chez lui, et se déplacer librement qui plus est.
Alors... Robe. Pantalon. Chemise... Une robe. Elle est d'humeur à rester dans ce genre de vêtements. Puis elle est adaptée aux températures extérieures, du coup aucun risque qu'elle prenne froid. L'héritière prenait le temps d'observer le résultat de le miroir, satisfaite. Cette robe se suffisait à elle-même, n'avait nullement besoin d'accessoires. Et puis la couleur... Cassandre avait l'œil.
Au bout de quelques minutes, la jeune femme retourna dans le salon, interpellant aussitôt l'inspecteur. 《Alors, satisfait de ton achat ?》
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