when the hunger is too strong ❀ benedikt (terminé)

Des journées à t’enfermer dans cette pièce où l’obscurité est ta seule amie, où personne ne peut pénétrer sans y être invité. C’est TA zone de confort, celle où tu te sépares du monde qui t’entoure, celle où tu t’oublis ou du moins, où tu essayes de le faire. Il est dur d’y parvenir quand la faim te fait souffrir, presque à en perdre la raison, tu désires ce rouge carmin si délicieux autant qu’il est effrayant. Mais tu tiens bout, car tu estimes que ce n’est pas le moment, que tu peux encore tenir.

Pour autant. Viens toujours l’instant où ta volonté vacille, où celle-ci n’est pas assez forte pour retenir ton corps d’agir par instinct. Debout, tes yeux à demi-clos, tu sors dehors, les pieds nus, le froid venant ainsi te faire frissonner, sans parvenir à te réveiller. Ta conscience n’est pas réellement là. Tu ne dors pas totalement, mais on ne peut pas dire que tu sois réveillé. Shinji, tu te perds. Il faut réagir, car tu vas forcément regretter ce que tu t’apprêtes à faire…

Aucun des mots insufflés par ton toi intérieur ne parvient à t’extirper de cette hypnose. Tu t’égratignes les pieds, créant de petites plaies sanguinolentes, mais tu ne sens rien. Quand bien même tu sentirais quelque chose, cela ne t’inquièterait pas le moins du monde. Ta personne a bien trop peu d’importance à tes yeux pour n’avoir, ne serait-ce, que l’infime envie de faire attention. En bref, tu poursuis ton avancé, dans les rues désertes du quartier. Minuit est proche, et pour un quartier résidentiel comme celui-ci, il n’est pas étrange de ne pas croiser âme qui vive.

Pourtant, du bruit se fait attendre. Ta personne, comme attisée par l’idée de se nourrir, réagit étrangement. Ta conscience, qui n’a toujours pas quitté cet état second, appelle ton vampirisme. Tes yeux s’habillent alors d’un rouge carmin, quand tes dents viennent, au même moment, s’afficher ouvertement dans ta bouche. Tu ne peux plus être apparaître comme humain aux yeux des autres. Pourtant, tu ne sembles même pas comprendre le danger auquel tu t’exposes. Ta seule idée, trouver la source du bruit et croquer intensément dans sa chair, histoire d’en savourer le fluide chaud.

Des pieds abîmés t’amènent rapidement jusqu’à une rue plus loin où tes yeux se déposent sur le dos d’une personne qui déambule seul. Ton visage n’exprime rien, car tu ton esprit n’est pas réellement là ; c’est la bête en toi qui, dans une vitesse vampirique, te rapproche de ta cible. Sans crier gare, sans même tenter d’influencer, car tu n’es pas dans ton état normal, tu plantes simplement et violemment tes deux canines dans le cou du garçon, légèrement plus petit que toi. Ta mâchoire presse sans douceur, alors que tes bras enserrent le corps fin de ta victime, pour faciliter ta prise. Le reste se fait naturellement, tu aspires en quantité, le liquide chaud de l’inconnu, et même si le goût semble être différent, tu n’arrives à t’en défaire.

Dans l'imaginaire commun, il en doutait pas que tout un chacun imaginait les vampires comme des créatures nocturnes. C'était vrai, en partie. De façon générale, sans l'application d'un sérum, ses compatriotes étaient confinés à ces horaires, mais il avait appris jeune que l'avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt. C'était évidemment une ineptie médicale, puisqu'il n'y avait aucun moyen de lutter contre la génétique qui déterminait si les gens étaient lève-tôt ou couche-tard. En tous les cas, pas pour l'instant. L'idée de le faire un jour était enthousiasmante. Autrement qu'à coup de somnifères, bien sûr.

Tout cela pour dire que même si les horaires de Fukugawa, son laboratoire, étaient en partie adaptés pour les animaux les moins diurnes, le jeudi était son jour de sortie. Eri avait attribué une date à chacun, et si elle embarquait parfois les autres pour la cohésion, ou une autre idiotie du genre, ce n'était pas le cas ce soir. Il avait été traîné dans son bureau, forcé d'enfiler une tenue qui aurait fait se retourner son père dans sa tombe, s'il en avait eu une plutôt qu'un trou creusé à la hâte pour accueillir son corps vide, et emmené dans un lieu de luxure et de débauche, un bar à hôte. Il avait entendu parler de ces endroits, en une trentaine d'années, mais Eri n'y avait jamais payé de frais exorbitants, et il se demandait si cela tenait à sa personne, ou à sa compulsion.

Toujours était-il qu'elle lui avait trouvé une victime, un homme certainement désespéré qui avait bien trop vite accroché à l'idée d'être leur numéro trois pour la nuit, quoi que cela puisse signifier. Il avait fait une petite avancée, parvenant à se nourrir sans causer une anémie trop sévère ou créer trop de contusions. C'était la partie la plus complexe. Quand la bête prenait le dessus, il serrait souvent trop fort leurs bras, leurs poignets, ce sur quoi il mettait la main à cet instant. Il soupira pour essayer de laisser cet épisode derrière lui, se massant doucement la gorge pour aider à faire passer. Ou par réflexe. Il ne savait plus trop.

Il avait laissé la vampire avec leur hôte, et avait taillé sa route, direction Yoshiwara et son petit chez-lui, une maisonnette individuelle où il vivait seul, dans la plus grande sobriété. Il connaissait le trajet par coeur, ne souffrait pas réellement de la température, et n'appréciait pas non plus spécialement de devoir marcher si longtemps. Il se surprenait à adopter le pas cadencé si lointain de ses jeunes années de soldat. Pas un bon souvenir, surtout vu ce que les gens en disaient aujourd'hui. Il soupira et essaya de ne pas se concentrer sur son estomac tendu. C'était parfois étrange de se sentir... rassasié.

Ce fut d'abord un choc qui le fit légèrement trébucher, comme si quelque chose, non... quelqu'un, lui était tombé sur le dos. Avait-il été si distrait qu'il était devenu une proie facile pour quelqu'un de mal intentionné? Ce fut ensuite la surprise, de sentir sa tête être tirée sur le côté, et des crocs se plonger dans son cou. De mauvais souvenirs de l'agression qui l'avait transformé traversèrent son esprit, avant qu'il ne commence enfin à se débattre. Plus fort grâce à ses repas réguliers, même s'il n'en dirait jamais rien à Eri, il prit son élan pour écraser du talon le pied de son agresseur, avant de lui envoyer un coup de coude dans l'estomac. Ce serait peut-être pire que se laisser faire, mais si c'était un Servant qui avait perdu les pédales, il appellerait la vampire pour qu'elle le maîtrise.

En attendant, il ne serait pas une victime et continuerait à se débattre. Avoir l'esprit clair aidait bien, en la circonstance...

Te détacher de ta proie est comme impossible, tu sens bien que le fluide que tu aspires à travers ta succion n’est pas normal, le goût n’est pas celui qui te fait vibrer, qui te fait habituellement douter de ta capacité à décrocher ; pourtant et surtout malgré tout, tu poursuis l’acte horrible et violent que tu as commencé. Insistant autant ta poigne au niveau des bras, que la pression sur son cou.

Mais une douleur vive te surprend et te fait lâcher prise. L’humain, ou ce que tu pensais être un humain, a lourdement cogné tes pieds déchaussés venant te faire râler silencieusement. Mais la douleur change d’endroit quand le coude du petit vient se s’enfoncer dans ton estomac, d’une force visiblement surhumaine. Tu recules de quelques pas, manquant de chuter lourdement. Puis s'ensuivent de lourdes quintes de toux qui, douloureusement, s’échappent de ta gorge. Le sang de ta victime dont tu n’as pas eu le temps de repaitre, vient s’écouler lentement sur chacun des coins de tes lèvres, signe explicite de ton crime.

Le choc, la douleur, ou simplement le fait de te retrouver en face de quelqu’un qui, visiblement, se défend, rappelle ta conscience au premier plan. Tes yeux se calment rapidement et réinvite l’océan à les teindre de bleu ; il reprenne une lueur qui montre ton retour à la normale. Tu regardes autour de toi, et te demande ce que tu fais là, mais tes souvenirs, quoi qu’un peu flou, sont toujours bel et bien là… tu viens de croquer l’homme que tu regardes. Rapidement, presque naturellement, tu viens essuyer ta bouche, de la manche de ton gilet.

« Je. »

Ta voix s’éteint à nouveau lorsque ton regard se porte sur son cou, coloré du sang carmin qui s’écoule encore de sa plaie. Une lueur faible se ranime dans tes yeux, mais vient s’éteindre casi immédiatement.

« Je suis désolé. »

Tu peux l’être, oui. Le monstre en toi, a encore frappé… comme toujours, tu n’es pas capable de te tenir, de te retenir… pourtant si normal pour un vampire, car se nourrir est, finalement, un besoin vital, cette pensée te dégoûte et t’attriste en même temps. Tu essayes sans arrêts de te restreindre, tout en sachant que ce n’est pas la bonne solution, qu’il ne s’agit là qu’une échéance que tu repousses simplement. Mais tu n’arrives pas à passer outre. Tu ne veux pas accepter cette facette de toi qui a besoin de sang pour continuer de vivre.

« Tu- »

Tu fais un pas en avant, puis un deuxième afin de t’avancer vers lui.

« Tu vas bien ?! » dis-tu d’un ton inquisiteur.

Les remords sont présents, mais ils ne sont pas liés au fait de mordre, mais plutôt d’avoir succomber à ta pulsion bestiale. Tu avances encore plus, tout en revêtant un sourire faible visant à montrer ta bonne foi, ou peut-être ta gêne.

« Je. J’ai perdu le contrôle, je… tu. Tu es… un vampire, non ? »

Rapidement, il apparut que son mouvement de défense avait porté ses fruits. Frénétiquement, il cherchait son téléphone, prêt à contacter Eri. Il avait un doute sur le fait qu'elle réponde, mais il faudrait tenter. Il se retourna, portant une main à son cou, sentant les morsures se refermer. Il était hors de lui d'agacement. Et il n'avait jamais fait de bonnes choses quand il était agacé. Il voulait riposter violemment, pour que cela ne se reproduise plus, mais des années et des années de rabaissement et répétition sur le monstre qu'il avait été, ainsi que la prise en compte de son interlocuteur, enfin, le fit soupirer.

Il avait l'air perdu, en pyjama, presque, sans chaussure, débraillé. Il s'exprimait de façon monosyllabique et Benedikt se demandait ce qu'il allait faire, surtout lorsqu'il se releva et commença à avancer vers lui. Le Servant ne recula pas, il ne l'intimidait pas, ce type, mais il ne voulait pas non plus qu'il l'approche. Il n'appréciait pas spécialement qu'on le touche, et surtout pas juste après avoir été agressé par quelqu'un. Il osait lui demander s'il allait bien. Il croisa les bras. Ses collègues ne l'auraient pas reconnu, lui d'habitude si silencieux, si effacé, se tenant maintenant droit, bien planté sur ses pieds, absolument pas intimidé, les mâchoires serrées par la colère. Il n'avait pas d'indulgence pour cet homme qui pensait l'intimider par les quelques centimètres de plus qu'il avait sur lui. Cela ne fonctionnerait pas. Il avait appris des meilleurs de la taille ne voulait rien dire. Napoléon en était un bon exemple.

"Scheisse, évidemment que tu as perdu le contrôle. Imagine si tu avais attaqué un humain, tu l'aurais tué et après quoi, le quartier aurait grouillé d'enquêteurs de la BAV? Ca ira, merci, je les vois assez souvent comme ça. Et non, ça ne va pas, tu crois quoi? Tu viens de m'agresser! Et n'envahit pas mon espace vital. Je croyais que les japonais étaient à fond dans ce truc de ne toucher personne et de garder une distance raisonnable, und was nicht."

Un grognement lui échappa.

"Est-ce que tu es un Servant qui n'arrive pas à se maîtriser? Sans Maître? C'est pour ça que tu perds le contrôle?"

Son accent durcissait ses mots, et ses paroles n'étaient pas spécialement tendres dans leur ton. Il n'aimait pas particulièrement discuter de ça dans la rue, mais il n'allait certainement pas l'inviter chez lui. Le type était instable. Il ne voulait rien de mieux que revenir à la brume de son existence planplan habituelle, mais la situation ne le lui permettait pas, et le soldat en lui voulait protéger la race supérieure. S'il continuait à agresser des humains, cela créait un risque pour les autres. Et le bien de la multitude sur l'individu était fermement ancré en lui. Peut-être était-ce la BAV, plutôt qu'Eri, qu'il devrait contacter.

Imagine si tu avais attaqué un humain. Si tu l’avais tué.
Ses mots te retournent l’estomac… tuer quelqu’un est une chose que tu ne veux plus. Que tu ne supporteras pas à nouveau. Depuis que tu es ‘capable’ de te contrôler, que ta faim ne te ronge plus de la même manière que lorsque tu étais encore un jeune Servant, l’idée même d’ôter une vie est une chose que tu ne pardonneras pas.
Tu ne t’es jamais vraiment pardonné pour les crimes que tu as commis par le passé… mais… certains ont essayé de te parler, de te faire comprendre que tu ne pouvais être réellement responsable de tes actes à tes débuts vampiriques, que la soif est bien trop grande, et que l’esprit est bien trop faible et obnubilé pour parvenir à se contenir… que la faute est celle de celui qui t’a transformé et abandonné là. Tu as fini par comprendre, par assimilé l’idée, et même si ta tête refuse de te pardonner, tu essayes de faire abstraction pour continuer de vivre. Attendant simplement une raison qui justifiera ton départ. Ou peut-être es-tu simplement trop lâche pour décider de t’envoler vers un sommeil éternel…

L’homme est en colère. Et tu comprends son ressentiment à ton égard… tu t’es permis l’interdit… Lui te parle de la Brigade, mais tu mets de côté cette information, car pour toi, cette Brigade n’a aucune importance, s’il venait à ton encontre, tu assumerais simplement tes actes, sans chercher à fuir quoi que ce soit. Les mots qui suivent confirme l’idée qu’il n’est pas japonais… son physique était déjà parlant, mais son accent l’est encore plus. Tu n’oses pas rouvrir la bouche de peur de la couper, de l’énerver encore plus, alors tu l’observes silencieusement, effaçant inconsciemment ton sourire faux et gêné.

Puis finalement, c’est la honte qui t’habille. Que peux-tu répondre à ce qu’il te dit… un Servant. Oui, tu ressembles certainement à ça à ses yeux, toi qui es venu te sustenter sur sa personne sans demander ton reste, sans même en être pleinement conscient. Tu te mords le coin de la lèvre avant de te permettre une parole.

« Je- vous demande pardon à nouveau. Je… n’ai pas les mots qui pourrait excuser mon comportement. Je- »

Tu plonges plus encore ton regard dans le sien, tout en serrant ton poing, surement dû à la culpabilité vis-à-vis de lui.

« Non. Je ne suis pas un Servant, et si tel avait été le cas, cela n’aurait rien excusé. Je- simplement un moment d’égarement. »

Tes mots sont faibles. Un moment d’égarement, c’est bien trop facile de dire ça… ce moment d’égarement, comme tu aimes à le dire, il aurait pu tuer quelqu’un, il aurait pu te dévoiler au monde. Il aurait pu… tes yeux s’assombrissent et s’abaissent en direction du sol. Un soupir fatigué, se faufile entre tes lèvres.

« J’avais faim. J’ai été bête. J’espère que tu sauras oublier cette erreur. J’imagine ce que tu dois ressentir, et… je peux peut-être, si tu as besoin de quoi que ce soit, m’excuser d’une certaine manière. »

Tu ne trouves pas de mots autres que ceux-ci. Et tu ne sais pas vraiment ce que tu peux faire d’autres que t’excuser finalement. Il est en colère et tu le conçois totalement. Tu culpabilises déjà et tu te… détestes à penser que cela aurait pu être pire. Que si le garçon n’avait pas été un vampire, la condamnation aurait pu tomber sur un innocent…

« Shinji, je m'appelle Yoshino Shinji... je. Je ne suis pas dangereux, ne sois pas trop sur tes gardes. »

Mmh. Tu n'es pas sûr que tes mots ressortent comme tu désires les exprimer. Dangereux, tu l'es, sans aucun doute… surtout aux yeux du jeune homme que tu viens d'agresser en pleine rue, alors qu'il doit certainement rentrer chez lui. Mais tu souhaites tout de même te présenter à lui, histoire de ne pas avoir l'impression de fuir tes responsabilités.

Plus il s'excusait, moins Benedikt était agacé. Alors oui, l'agression, tout ça. Mais d'un autre côté, il n'avait pas l'air autre chose que perdu. Complètement. Et, encore une fois, après des décennies pendant lesquelles il lui avait été rabâché qu'il était un monstre, il faisait beaucoup d'efforts pour s'adoucir. L'empathie n'était pas gagnée, mais il faisait correctement semblant, parfois. Là, c'était encore compliqué. Il détendit cependant un peu sa posture, décroisant les bras, et soupirant un peu.

Le fait qu'il ne soit pas un Servant était d'autant plus choquant, et il allait ouvrir la bouche en l'invectivant sur le fait qu'une race supérieure ne pouvait pas laisser paraître de faiblesse, avant de se rappeler que c'était ce genre de discours qui lui valait une leçon d'histoire et une session de sensibilisation à chaque fois. Il prit le temps de se contenir, et l'homme continua à parler, évoquant sa faim, son manque de souhait de se nourrir, son dégoût, peut-être, à cette idée? Il était le parangon de la faiblesse, en cet instant, le regard baissé et vide, les mots hésitants, se mordant les lèvres. Un nouveau soupir lui échappa, avant de s'interrompre brutalement, s'étouffant presque en avalant sa salive.

"Hm... Si je comprends bien, tu me proposes des faveurs sexuelles pour que j'oublie l'incident..?"

Il aurait pu, dû, certainement, s'offusquer et refuser. Il n'était déjà pas spécialement convaincu que ce soit vraiment la proposition, sa compréhension des nuances de la langue n'était pas toujours idéale. Et il était, quelque part, un peu intrigué. Il n'avait jamais eu le temps ou l'inclination de poursuivre ce type d'activité, et d'explorer ces avenues, mais il faudrait peut-être bien commencer un jour. Il hésita un moment, prenant le temps de la réflexion alors que le vampire se présentait. Il y avait toujours le risque qu'il parte de nouveau en vrille et fasse semblant d'être penaud et abattu, et en même temps... A une époque, il n'avait eu peur de rien, après tout.

"Bambi Rosenwald. Ne restons pas ici, je n'habite pas loin, viens. Tu n'es pas équipé pour rester là."

Il n'attendit pas vraiment de réponse, reprenant sa marche.

"En plus, on ne peut pas rester dehors couverts de sang, si un humain nous voit, ils vont appeler la police."

Sa maisonnette n'était vraiment pas très loin, et il en poussa la porte rapidement. Elle était rangée presque à l'excès, sans une once de poussière nulle part, et meublée au plus strict minimum, si ce n'était des dessins encadrés, la plupart ressemblant à des esquisses de tatouage, ou bien des photos de paysages.

"Je peux appeler quelqu'un pour qu'elle te rapporte un humain comestible. Ce sera mieux qu'attaquer quelqu'un en pleine rue."

Il l'invita à s'asseoir dans un canapé vaguement confortable, et qui avait l'air terriblement neuf.

A la question du garçon, ou ce que tu comprends comme une demande de confirmation, tu restes figé d’incompréhension. Tu écarquilles les yeux et réfléchis à la phrase que tu as prononcé… Et tu ne comprends pas la partie qui n’est assez clair, ou du moins, pouvant amener à ce genre de quiproquo. Peut-être est-ce dû au fait qu’il n’a pas du tout la tête d’un japonais, et que les langues, si elles ne sont pas acquises parfaitement, peuvent amener à des mauvaises interprétations. Dans tous cas, ce n’est clairement pas ce que tu as essayé de lui dire en lui proposant de s’excuser d’un quelconque manière. Tu as d’abord pensé à de l’argent. Bien que tu n sois pas très riche, tu trouveras toujours une solution pour dédommager le garçon. Lui offrir une chambre pour l’héberger un jour il en aurait eu besoin ; ou encore… peut-être lui trouver une victime, même si cette dernière idée de débecte. En tout cas, tout sauf des échanges de types sexuels.

« Pardon, mais- »

Tu es coupé alors que tu tentes de résoudre le problème et d’informer le vampire qu’il ne s’agit en aucun cas de ce à quoi il pense. A la place de ta voix, c’est de nouveau la sienne qui se fait entendre : il se présente sous le nom de Bambi Rosenwald. Un nom, bien compliqué pour le japonais que tu es. Et sans même te laisser le temps de rouvrir la bouche pour reprendre la parole, il poursuit en te disant de le suivre et qu’il ne serait pas bon de se faire remarquer à cette heure tardive de la nuit.

Tu jettes alors un œil à ta tenue, puis sur lui, pour finir par regarder rapidement les environs ; tu comprends qu’il a raison et que la situation pourrait être mal interprétée si un humain venait à passer dans les parages, alors tu acquiesces simplement à ses dires, et lorsqu’il se met en route, tu le suis simplement. Facilement dans la lune, tu te concentres sur sa silhouette qui avance silencieusement, tout en le suivant, tu jettes parfois et rapidement des coups d’œil au coin des rues, finissant par oublier de corriger le malentendu.

Devant une porte, rejoint en quelques minutes seulement, certainement celle de son lieu de vie, tu finis par enfin faire entendre ta voix.

« Ro.sen.wal.du-san »

Ton japonais doit certainement écorcher quelque peu le nom du garçon, mais tu n’y fais même pas attention. Lorsqu’il t’invite à entrer, après avoir ouvert la porte, tu hésites quelques secondes sur le pas de celle-ci.

« Es-tu sûr de toi ? » questionnes-tu.

Est-il sûr de vouloir inviter un inconnu chez lui… tu n’arrives même à comprendre pourquoi tu te trouves ici. Tu aurais pu simplement retourner chez toi. Lui laisser simplement une carte avec ton numéro dessus, il aurait pu appeler le jour où il aurait eu besoin de tes services. Pour autant, tu ne dis rien, laissant ainsi planer tes questionnements, tout en répondant à ce qu’il te demande. Mais tout ça, c’est simplement que ton cerveau a éludé le cœur du problème, cette parole incomprise, qui n’a toujours pas été rectifiée.

« Hors de question. »

Tu es tranchant cette fois. Non merci. Bien que tu sois affamé, tu n’as certainement pas envie de croquer dans la chair ce soir, enfin pas dans autre chose que ce garçon. Tu ne céderas pas plus à la tentation. Une expression de gêne se dessine sur ton visage, discrète mais visible, tu n’es pas à l’aise avec l’idée de refuser son geste ; certainement emplie d’une certaine compassion à ton égard. De peur d’avoir été trop direct, tu reprends rapidement.

« Enfin. Je veux dire que je ne mordrai pas ce soir. Pas une autre personne que toi évidemment. J’espère que tu comprends. »

Qu’est-ce qu’il peut comprendre à ce besoin que tu as de t’affamer. A ce besoin de te flageller… certainement pas grand-chose. Pour autant, tu n’as aucunement envie de lui expliquer le pourquoi de ton refus. Il t’est totalement inconnu, et une fois le service rendu, tu n’aurais certainement plus à faire à lui. Tu poursuis tout de fois la conversation, venant ainsi chercher à savoir s’il est un vampire, ou un Servant.

« Tu as quel âge ? »

Il se retourna vers lui. Bien entendu qu'il était sûr, il ne l'aurait pas invité chez lui sans cela. Enfin, il pouvait saisir la problématique. Après tout, il venait de l'agresser en pleine rue, extrêmement violemment, et de se prendre une remarque assez particulière. Dans ce contexte, c'était certainement surprenant qu'il lui ouvre sa maison. Il haussa un sourcil quand il lui répondit sèchement. C'était une proposition parfaitement décente.

"La vampire qui m'accompagne habituellement est quelqu'un de bien, il n'y a pas de problématique particulière avec elle. Elle choisit toujours des gens compatibles, et est très efficace pour les soumettre sans heurt."

Il ne savait même pas pourquoi il défendait Eri alors qu'il ne l'appréciait d'ordinaire que modérément. Il regarda avec un intérêt certain une émotion semblable à de la gêne qui envahit le visage de son interlocuteur. Shinji. Il fallait qu'il s'en souvienne. Humaniser (sans rire) les gens en les appelant par leur nom plutôt que par leurs caractéristiques. C'était un peu difficile, de temps en temps. Son haussement de sourcil se transforma en étonnement complet.

"Ne croquer personne d'autre que moi..? Mon japonais est vraiment si mauvais ou c'est véritablement une proposition salace? Je dois avouer que non, je ne comprends pas. Quoiqu'on pense de ce que l'on est, il y a un calcul risque-bénéfice à réaliser. Le risque de se laisser affamer, de se faire découvrir par les humains, bon, éventuellement d'en tuer un ou deux, mais ce n'est pas forcément si catastrophique, comparativement aux bénéfices d'être en bonne santé, de ne même tuer personne, si c'est vraiment le problème, et d'oeuvrer à la cause... enfin, d'aider d'autres vampires, quoi..."

Il avait failli se laisser emporter. Il lui proposa de s'installer tranquillement dans un fauteuil, faisant de même après avoir retiré ses chaussures. Il fit la moue en voyant les pieds de Shinji.

"Tu veux te laver les pieds? Tu as froid ou quelque chose?"

Il essaya de considérer sa question, se demandant quelle en était la pertinence. Lui avouer qu'il était un Servant pouvait le desservir et lui annoncer qu'il était susceptible à sa manipulation. C'était un risque.

"Et toi, ça fait longtemps que tu fonctionnes en phase de faim irrepressible à agression d'honnêtes citoyens? Et tu peux m'appeler Bambi, mon nom est trop compliqué à prononcer pour la plupart des gens, apparemment."

Enfin, au moins une acception d'honnête...

Tu l’écoutes parler d’un vampire que tu ne connais pas, mais qui apparemment chasse pour les autres ?! A cette annonce, tu ne peux cacher une pointe de surprise, qui se mélange à du dégoût, ce n’est pas vraiment perceptible quand on observe ton visage, car tu ne cherches pas lui montrer ton ressenti profond, mais tu laisses tout de même transparaitre d’infimes expressions involontairement. Lorsqu’il insiste en reprenant ta phrase, tu écarquilles les yeux d’incompréhension, qu’est ce qu’il va imaginer…

« Euh non... Je- euh. Rosenwaldu-san… je- ce n’est pas ce que j’essaye de te dire… je- »

Mais tu ne poursuis pas, car la prise de parole du garçon se poursuit et tu ne souhaites pas lui couper davantage la parole. Tu ne cherches pas à l’énerver plus que ça, tu lui as déjà causé assez de souci. Alors tu le laisses maître de la conversation, ton temps viendra et tu es patient.

Patient… tu as quand même beaucoup de mal à rester calme devant les propos que tient Benedikt… tuer un ou deux humains, ce n’est pas catastrophique… tu ne devrais pas être choqué de ce genre de discours de la part d’un vampire, mais tout ça te reste salement en travers de la gorge. Peut-être est-ce à cause du fait que tu ne pense pas du tout de la même manière que lui. Ou simplement que vous êtes si différent qu’il est difficile de tomber sur des idées qui se rapprocheraient à un moment ? En tout cas, tu le regardes d’un air sévère, fini les jolis sourire dans le but de mettre à l’aise, de faire semblant ou encore d’être gêné. Tu n’aimes pas ce qu’il dit et tu ne tiens pas à t’en cacher.

« Je… trouve tes propos, très. Irresponsable. »

Irresponsable de ne pas penser aux conséquences… à croire que les humains sont une ressource infinie, ou qu’il est impossible de se nourrir sans même une seule fois d’en tuer. Mais tu oublis ce que tu es et ce que tu fais Shinji… tu risques de t’aventurer sur un terrain glissant, fais attention.

« Merci. »

Tu restes poli pour répondre à son invitation à s’asseoir et accompagnes tout ça en t’enfonçant calmement dans le fauteuil. Faisant un geste discret de la tête, tu regardes un peu l’environnement. Ce n’est pas un endroit où tu apprécierais passer ta vie, il y manque la chaleur que tu apprécies tant, la marque du passé et des souvenirs, mais chacun ses goûts comme on dit.

Sa question te fait pencher la tête, tu regardes tes pieds abimés et tu te trouves subitement très ridicule… habillé comme ça, pieds nus… cela ne serait pas étonnant si quelqu’un venait à te décrire comme un fou ayant fui son hôpital…

« Je… oui je veux bien. »

Tu ne réponds pas précisément à la question, tu veux bien te laver les pieds, mais tu ne refuses pas quelque chose pour avoir plus chaud non plus. Tu ponctues ta phrase d’un merci, pour ne pas être impoli.

Tu es pris au dépourvu avec sa phrase que tu ressens comme une attaque. Un air indigné s’affiche naturellement sur visage. Qui est-il pour te juger ainsi, il ne connaît pas ta vie et se base sur cette unique soirée pour juger ta vie entière…

« Je ne te permet pas ce genre d’attaque. Je- j’ai certes fait une bêtise ce soir, mais cela ne veut pas dire que ça m’arrive régulièrement. Quant à mon régime alimentaire, il ne te regarde pas DU tout. » ajoutes- sans une once de retenu, ni de tentative d’apaisement.

Tu expires l’air qui s’est emmagasiné dans tes poumons du fait d’avoir parlé d’une traite et sans pause. Puis tu enfonces plus profondément ton regard dans le sien pour répéter ta question.

« Tu as quel âge ? »

Tu n’es pas de ceux qui apprécient ce genre de chose, d’utiliser la suggestion à des fins comme celle-ci, de savoir s’il est un vampire ou un Servant, mais il semble éluder ta question, tout en t’incriminant de chose dont il n’a aucune connaissance, ce qui, étrangement, t’énerve un peu. Au moins, cela résoudra le problème. Tu pars du principe que s’il répond, c’est que ta suggestion aura fonctionné, or tu le sais, cela ne veut parfois rien dire… mais tu auras tout de même essayé.

Quand on te connait, on a du mal à imaginer que le calme qui t’anime en temps normal, peut se fissurer, voire se briser de temps à autre. Mais personne ne peut rester calme en toute situation, n’est-ce pas ? Tu soupires légèrement, venant croiser tes bras tout en poursuivant ton observation.

« D’ailleurs, j- je souhaite revenir sur ton idée étrange que ma proposition de tout à l’heure a un quelconque rapport avec un désir charnel… rien de tel. Je ne suis pas ce genre de personne, et je trouve insultant de même y penser. »

Ta voix douce s’est éteinte. Tu ne cherches plus à être apprécié, ou pardonné, tu es simplement froid et franc avec lui. Ce n’est certainement un vampire qui partage des valeurs identiques aux tiennes et tu ne penses pas vouloir en faire ton ami. Pas après tout ce qu’il t’a dit…

C'était toujours la même chose, avec Benedikt. Il s'enflammait, même s'il essayait de se contenir la grande majorité du temps, il était assez impulsif, disait quelque chose d'inadmissible dans ce monde du politiquement correct, ou simplement tout court parce que certaines idées étaient difficiles à déraciner, et la conversation tournait au vinaigre. Il s'en rendit rapidement compte. Non, pas rapidement, malheureusement. Il n'était pas très doué non plus pour reconnaître les sentiments, réactions et émotions des gens. Mais une fois qu'il avait remarqué le problème, il ne pouvait pas s'empêcher de se flageller sur le sujet. Tant d'années, et il n'arrivait toujours pas à réformer ses méthodes. Stupide Benedikt.

Il regarda donc la situation flamber et s'effondrer, essayant de réfléchir à comment rattraper le truc. Il n'avait pas spécialement eu envie de blesser qui que ce soit, mais il 'était dramatiquement maladroit dans ses interactions avec les gens. Il essayait de formuler cela aussi poliment qu'il pouvait, mais il n'avait pas été élevé avec les conventions sociales de ce pays, quand il se sentit ouvrir la bouche.

"106 ans."

Lentement, il soupira. Il n'en voulait pas à Shinji d'avoir fait ça. Il avait essayé de ne pas répondre, après tout, à ses questions. Et il avait été plutôt subversif, pour la plupart des gens. Certainement. Il releva les pieds sur son fauteuil, enroula ses bras autour de ses genoux, et posa son front sur ceux-ci. Il ne savait pas trop comment réagir, désormais. Il n'était pas spécialement causant quand il n'était pas parti au quart de tour sur quelque chose. Il fit quand même un effort, puisqu'il n'était pas seul.

"Si vous souhaitez vous laver la salle de bain est derrière. Il y a tout ce qu'il faut."

Pour le reste, il ne pourrait pas faire grand-chose, il était beaucoup plus petit que le vampire. Même les chaussures. Il avait peut-être des sandales qui pourraient faire l'affaire. Oui, certainement. Peut-être. Il ne savait plus trop. Du coin de l'oeil, il regarda Shinji qui commençait lui-même à monter en pression, visiblement. Il eut un nouveau soupir, et n'avait pas bougé.

"Probablement les différences culturelles qui m'ont fait mal comprendre... Désolé."

Le soufflé était entièrement retombé, et il n'était plus que le tout petit travailleur silencieux et sans ambition de sa vie de tous les jours. Un homme effacé qui ne parlait que lorsqu'on lui adressait la parole. Ce n'était pas faux, il était autant l'un que l'autre. Il aurait probablement dû lui dire de partir, mais c'était compliqué, maintenant, de dire quoi que ce soit pour le contredire. Il eut un nouveau petit soupir, presque inaudible. Quel fiasco...

Un Servant alors. Il ne doit donc pas être irréprochable… à moins qu’il ait toujours eu quelqu’un avec lui. Et encore, irréprochable, c’est selon tes propres standards, ou peut-être les standards provenant des lois, mais on ne pense pas forcément tous de la même façon. En tout cas Bambi lui, n’a pas du tout les mêmes pensées que les tiennes, il te l’a déjà fait comprendre malgré le peu de temps qui s’est écoulé depuis votre rencontre.

La posture que prend le garçon te surprend… tu… tu ne sais pas vraiment comment réagir, ni comment le prendre. Probablement une façon à lui de s’effacer… ou simplement de l’impolitesse, tu restes perplexe et te demandes vraiment s’il souhaite te voir ici ou non…

« Euh. Bambi-san ? V- vous allez bien ? »

Question sincère au vu de sa baisse d’énergie subite. Tu te redresses et avances vers lui naturellement. Ta colère, quant à elle, est aussitôt redescendue. Pas très étonnant quand on te connait un minimum. Tu n’es pas qui se met facilement en colère, encore moins pour le rester longtemps. Surtout face à une personne qui semble se trouver mal l’instant suivant…

Tu réponds brièvement à sa première question, venant ainsi lui dire que tu n’en as pas besoin. Tes plaies ont certes pris du temps pour se refermer à cause de ton état de famine, mais la saleté dessus n’est en aucun cas une priorité pour toi. Tu n’as que faire de ce genre de détail. Et lorsqu’il vient s’excuser de sa bêtise, tu culpabilises de l’y avoir poussé.

« J- je suis désolé, je ne voulais pas te mettre dans cet état. Je ne voulais pas m’énerver contre toi… j- cela doit être dû à mon état de faim, mes réactions doivent… être différentes. Je m’excuse sincèrement ! »

Tu es sincère, et ta main cherche à atteindre le vampire accroupi et recroquevillé sur lui-même, sans pour autant venir le toucher pour de vrai. Tu t’arrêtes devant le garçon, observant les environs, peut-être devrais—tu le laisser seul maintenant ? Est-ce que tu insistes davantage ?

« J- souhaites-tu que je m’en aille ? J- Je peux te laisser si tu veux… Je peux m’excuser une prochaine fois… de l’argent peut-être… D- des fleurs ? p- peut-être ? J- je ne sais pas, dis moi… et j- je peux te laisser mes coordonnées si tu veux… je… peut-être que tu auras une idée… un jour ? »

Tu l’observes quelques secondes, attendant une réponse, un signe. Puis… tu t’en iras tout simplement de la pièce et de cette maison, pour doucement rentrer chez toi.

Quelque part, Benedikt savait qu'il était ridicule. Qu'il était un peu dramatique, même, dans ses interactions, quand il passait d'un extrême à un autre. Ce n'était pas vraiment une réaction qu'il recherchait ou même qu'il pouvait programmer. Il lui arrivait juste d'être tellement fatigué de lui-même, et de toutes les réactions adverses qu'il pouvait créer chez les gens. Il ne vivait pas toujours bien d'être le méchant de l'histoire. Et pourtant, il avait l'impression de l'être dans toutes les situations.

Cependant, il avait un hôte, pour l'instant, et il ne pouvait pas vraiment se maintenir dans cette apathie. Et en même temps, il n'avait absolument aucune envie d'être poli ou quoi que ce fut. Il était fatigué, et avait l'impression que les bénéfices de s'être nourri ce soir s'étaient estompés comme neige au soleil. Peut-être était-ce parce qu'il avait perdu beaucoup de sang. Probablement, d'ailleurs. Il se contenta de soupirer.

"Vous n'avez pas à vous excuser, vous avez raison de dire que vous vivez votre vie comme vous l'entendez et que ce n'est pas mon problème. Cependant, vous devriez rentrer chez vous, je pense. Je n'attends pas de compensation pour les événements de cette nuit, ce n'était pas grave."

Enfin, pas trop. La compulsion était plus difficile à avaler, mais il savait aussi que ça pouvait très mal se terminer pour lui. Et il n'avait pas toujours envie de vivre dangereusement. Un jour, dans quelques années, cette faiblesse disparaîtrait. En tous les cas, c'est ce qui lui avait été dit. Mais n'ayant pas eu d'éducation traditionnelle dans le domaine, il n'était pas toujours très au fait de la réalité de la chose.

Il se redressa doucement, tout dans sa posture criant la défaite, de ses épaules courbées, accentuant encore plus sa taille modeste, à ses yeux baissés. Sans un mot de plus, il raccompagna le vampire à la porte. Il avait besoin d'être seul, pour le moment. Et pourtant, les dieux, ou quoi que ce soit d'autre, savaient qu'il en avait assez d'être seul. Juste... pour un instant, pourtant, il en avait besoin. Et de ne plus voir cet homme qui avait aperçu autre chose que ce vide dans du creux qu'était sa vie. Sa non-vie? Son existence, en tous les cas.

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