Le regard du Servant dériva vers la fenêtre. Il ne faisait pas encore jour. Kaori venait de rentrer chez lui. Il avait encore du mal à s’habituer à ça, à sa condition de vampire. Cela faisait déjà des années qu’il possédait cette malédiction mais l’enfant avait toujours l’impression de rêver. Il se demandait parfois si ce n’était pas qu’un rêve, un rêve où il cherchait à fuir la réalité. Ou était-ce plutôt un cauchemar. Oui car vivre un telle vie était pire qu’avant. Enfin non. C’était différent mais certainement pas mieux.

Kaori soupira. Il enleva ses vêtements et ses extensions capillaires. Il les rangea avec soin avant d’aller se laver. Avoir un odorat développé n’était vraiment pas un avantage. Il pouvait sentir l’alcool, la fumée de cigarette et pleins de parfums différents se mélanger sur sa peau. Une fois propre, le Servant regarda de nouveau dehors. Le jour arrivait mais la journée s’annonçait couverte. Les nuages étaient très nombreux dans le ciel, il allait sûrement pleuvoir.

Le jeune homme quitta le ciel pour chercher une occupation. Il n’avait pas envie de dessiner tout de suite. Lire ne l’attirait pas non plus. Ce n’était pas sa journée shopping, il valait donc mieux qu’il évite de traîner sur son téléphone. De nouveau, Kaori soupira. Il allait sûrement regarder une série, attendant que le temps passe. Son regard fut à ce moment attiré par quelque chose. Un prospectus. C’était des jeunes de l’université qui lui avait donné le papier dans la rue. L’université… Il n’avait jamais pu finir à cause de son « accident ».

[…]

Voilà comment il avait terminé à errer dans les couloirs de l’université. Il était encore tôt, il n’y avait donc pas beaucoup de monde. Heureusement. Kaori n’avait pas très envie d’attirer l’attention sur lui. Il n’avait sûrement pas le droit d’être là, il le savait. Mais il voulait à nouveau ressentir la joie qu’il ressentait quand il allait à l’université. Cependant, l’enfant devait déjà repartir. L’heure avançait et le soleil ne tarderait pas à venir. Et même si le jeune homme n’apprécie pas beaucoup sa situation, il tient étrangement à sa vie. Kaori repart donc en direction de sa maison. Il lancerait sûrement un film en arrivant.

[…]

La nuit tombait doucement. La journée n’avait pas été très productive. Quelques dessins et beaucoup de films et séries… Un journée classique à dire vrai. Il fallait maintenant qu’il reparte pour son travail nocturne. Kaori aimait aller travailler la nuit. Les filles étaient sympa. Il aimait discuter avec elle. Il allait d’ailleurs chercher l’une de ses collègues. Cela ne faisait pas longtemps qu’elle avait commencé. Elle habitait non loin de l’université. Le jeune homme se demandait si elle n’était justement pas une élève de l’université. Elle n’avait rien dit à ce sujet. Mais demander serait impoli.

Quasiment par automatisme, l’enfant s’arrêta devant l’université. De nuit, l’ambiance était différente, angoissante.

« … Eh. »

Il n’en fallut pas plus pour que le jeune homme sursaute et ne manque de pousser un cri de surprise. Un vampire qui se fait surprendre, si ce n’est pas ridicule. Mais bon, malgré son statut de créature de la nuit, Kaori était vraiment pataud comme « prédateur ». N’ayant pas ce qu’il est, il a tendance à utiliser le moins possible ses capacités surnaturelles.

« Je te vois souvent traîner ici le soir, mais jamais la journée… Tu cherches quelque chose en particulier ? »

L’enfant se retourna pour faire face à la personne qui venait de prendre la parole. C’était un homme, apparemment plus âgé. Enfin, si on prenait en compte l’age physique de Kaori. Ce dernier, d’ailleurs, regarda plusieurs fois de bas en haut l’humain. Il ne savait absolument pas quoi dire. Son cerveau tournait à plein régime pour essayer de trouver une réponse.

- Hmm... Commença-t-il, la voix tremblante. Je… Je… Je regardais juste les cours proposés ! Finit par sortir, criant à moitié à cause de la panique.

Le jeune homme était déjà entrain de penser à s’enfuir. Il n’avait pas passé à ce que quelqu’un remarque ses allées et venues. Il allait devoir arrêter de venir… C’était dommage mais il ne pouvait pas prendre trop de risque.