Cette enquête ne se passait pas bien. Je ne pouvais pas mentir sur ce sujet, mais dès le début, mon partenaire avait jeté toute décence au fond des chiottes, et je me retrouver à patauger dans la merde pour retrouver tous les morceaux. La première interview avec le jeune Rajan était partie en cacahuète tellement vite que j'avais choppé un torticolis, et c'était allé de mal en pis depuis. Le racisme inhérent d'une grande partie de la population me débecte, en partie parce que j'en ai été et j'en suis encore victime, mais aussi parce qu'on s'en fiche d'où viennent les gens, tant qu'ils ne font rien de mal.

Enfin bref, je n'aime pas les considérations philosophiques, et j'ai juste un taff à accomplir. Retrouver la trace des gens qui vendent de la drogue à des jeunes, et remonter la piste pour arrêter cette opération. Raison pour laquelle je suis de nouveau à l'hôpital aujourd'hui. Je veux essayer de reparler au jeune, sans mon partenaire. Je ne suis pas enquêteur depuis très longtemps, mais je sais que ce n'est pas exactement dans le livre de règles. Mais il a été tellement abrasif face à ce gamin qui a juste fait de mauvais choix et en a plus que payé les conséquences que je ne m'imagine aps le soumettre à nouveau à ça.

J'avance donc dans le couloir, ma chaussure gauche émettant un léger couinement un pas sur deux, pour une raison inconnue. Je suis en costard parce que j'ai pas le choix et je n'ai qu'une envie, arracher ma cravate et retirer ma veste pour remonter mes manches. Mais non. Je me fais déjà assez emmerder pour mes cheveux longs, non réglementaires, je ne vais pas en rajouter une couche si le personnel de l'hôpital se plaint au commissariat de mon comportement. Je m'approche de la chambre et je vois quelqu'un déjà à proximité.

Un autre jeune, potentiellement un ami de la victime, et encore en bon état. Il n'a pas l'air d'un junkie, même si certains sont meilleurs que d'autres pour le cacher. Je le rejoins et lui montre brièvement mon badge pour qu'il n'ait pas trop peur. A moins que ce ne soit pire. Honnêtement, ça dépend des fois.

"Agent Sakurai, bonjour jeune homme. Vous êtes un ami de la vic... de Rajan Kinozuke?"

Une entrée en matière légère. Je verrai si ça fonctionne ou pas. Mais au vu des circonstances, je n'ai pas du tout envie de le traîner au commissariat, parce qu'il n'a pas l'air beaucoup plus japonais que son potentiel copain, et au vu de la réaction de mes collègues, je ne vois pas beaucoup d'issues positives pour nous trois.