Tanzen und trinken, ja? [PV Megumi Khan] (abandonné)

Benedikt n'arrêtait pas de tirer sur le col de la tenue qu'Eri l'avait forcé à enfiler. Il était mal à l'aise, et ça devait se voir, malgré tout les efforts qu'elle avait mis dans son apprêt. Le maquillage, les cheveux, tout. Il la suivait sans grand enthousiasme, pénétrant dans la boîte de nuit, comme il le faisait au moins une fois par semaine, pour chercher sans prochain repas. Il se demandait toujours pourquoi elle insistait sur ces environnements, avec leur musique assourdissante et sans queue ni tête, cette odeur à la fois enivrante et dégoutante de corps chauds pressés les uns contre les autres, effectuant une danse de séduction plus vieille que le monde.

Quand il les regardait, il les admirait, et il les détestait, tous autant qu'ils étaient. Pour être des êtres inférieurs, et en même temps pour vivre leur vie avec beaucoup plus de joie et de liberté qu'il n'en aurait jamais. Qu'il en avait eu, même à l'époque. Il était conscient d'avoir grandi sans amour, et avec un objectif et un seul, celui d'être meilleur que. Que les autres, que son père, que lui-même, parfois. Il ne savait pas ce que cela signifiait d'être chéri, et n'arrivait pas à le percevoir dans les attitudes des autres. S'il avait su, il aurait reconnu l'attitude d'Eri pour ce qu'elle était. Celle d'une mère qui s'inquiète pour un enfant qui s'isole trop et dont les idées deviennent dangereuses.

Les siennes ne s'approchaient pas de l'autolyse, bien entendu, mais plutôt de la domination du monde. Le seul et unique moment où il avait eu l'impression que sa vie avait du sens. Quand il œuvrait pour une cause plus grande que lui. Bonne ou pas, ce n'était même pas vraiment une question. Mais le seul moment où il était reconnu pour quelque chose. Un accomplissement, une fierté. Et depuis, le grand vide de l'existence qui s'étendait devant lui pour une éternité.

Mais malgré qu'il ne puisse reconnaître l'attitude d'Eri, il l'écoutait malgré tout, parce que dans sa maladresse, perçue, elle essayait quand même de lui offrir un cadre et un tout petit peu de cette reconnaissance. Donc il la suivait dans ces enfers de bruits et d'odeurs, de mouvements auxquels il ne comprenait rien, et de sentiments qui ne l'effleuraient même pas. Il ne savait même pas s'il en était capable, et ne se posait pas vraiment la question de s'il avait envie de le savoir.

Il s'avança vers le bar, laissant la vampire charmer le barman juste avec son sourire et ses paroles, leur commandant un cocktail qu'ils ne boiraient aucunement, alors qu'elle cherchait autour d'eux une victime, un repas, un... peu importait le nom qu'on souhaitait donner à cette personne. Eri finit par lui signaler qu'elle avait trouvé une proie, son regard ne laissant aucune place au doute sur le sujet, et elle lui demanda, pour une fois, de réaliser l'approche lui-même. Après tout, il serait bientôt un vampire de plein droit, et il fallait bien qu'il apprenne à chasser de façon indépendante. Elle serait là pour le reste, pour suggérer l'oubli, ou pour briser la dernière défense. Mais elle voulait qu'il aborde quelqu'un. Une femme. Dans une boîte de nuit. Pour lui proposer de s'isoler dans un coin sombre. Qu'est-ce qui pouvait mal se passer?

Il soupira lentement, avant de se lever, prenant quelques secondes pour se refaire au pantalon trop moulant, et au t-shirt trop large qui dévoilait une épaule et son tatouage dans sa totalité. Il repoussa sa queue de cheval derrière son épaule, et avança, tentant un sourire confiant. Ce n'était pas évident du tout, mais avec un peu de chance, elle trouverait que son air "timide" était mignon, ou une autre idiotie du genre. Les femmes, des créatures d'instincts si bas... Il essaya de rester classique, parce qu'il n'avait aucune idée de quoi demander, n'étant pas un séducteur.

"Bonsoir, je peux vous offrir un verre? Ou vous proposer une danse?"

Il en avait envie comme de se pendre, mais dans un cas comme dans l'autre, il savait qu'il n'en mourrait pas, alors autant tenter...

Boire et danser ?

Se préparer à sortir n'était pas une mince affaire, surtout quand on regrettait d'avoir accepté. Mais tu le savais Megumi, tu le savais qu'il était trop tard tard pour annuler, et cette décision que tu avais prise tu devrais l'assumer. Alors après avoir fini une nouvelle journée de travail au Kaneshon, tu t'empressas de rentrer chez toi afin de commencer par te laver et te débarbouiller de cette journée. Tu t'occupais de tes cheveux, ne leur faisant que de simples anglaises à partir de la moitié des longueurs. Tu t'occupas de ta peau, en vérifiant que tu n'avais rien oublié après une séance d'épilation et d'hydratation à base d'huiles et de crème. La grande question que tu te posais, alors que tu t'appliquais de quoi laisser ta peau douce, était de savoir si tu mettrais des collants ou non. Au final, en sortant de la salle de bain, tu n'en avais toujours aucune idée. Tant pis, tu mis ta robe du soir, noire, courte malgré les basses températures et sans manches. De toutes façons, en intérieur et tu avais un châle pour aller dehors. Il ne te restait qu'à te maquiller et mettre tes chaussures. Beaucoup trouveraient ça étrange de te voir faire autant d'efforts pour une soirée qui ne t'intéressait pas, mais n'était-ce pas la moindre des choses ? Tu ne connaissais pas énormément les autres femmes avec lesquelles tu allais sortir mais puisqu'elles avaient eu la gentillesse de t'inviter, tu devrais faire de ton mieux pour ne pas les décevoir. Est-ce que tu allais garder tes lunettes pour ce soir ? Hmm… Oui.

Assise devant le miroir, tu commenças à te maquiller après avoir préparé la peau de ton visage. Tu voulais quelque chose qui reste simple, alors après avoir trouvé une image pour t'inspirer, tu commenças par mettre une base pour fard à paupières. Tu vins rajouter de la couleur dorée puis des paillettes de cette même couleur sur la partie mobile de tes paupières. Tu estompas au maximum le pinceau de ton fard pour en appliquer sur la partie inférieure de tes yeux, et fis tes traits de liner avant de poser tes faux-cils. Une partie bien trop compliquée à ton goût mais qu'est-ce que tu aimais ça ! Après avoir soufflé un petit coup, tu pus te replonger sur ton ravalement de façade, et fis ton teint. Si sur l'image, la demoiselle semblait avoir fait du contouring, tu n'en voyais pas l'utilité, surtout que tu ne maîtrisais absolument pas cette technique alors tu te contentas d'utiliser du fond de teint et de l'anti-cernes. De l'highlighter sur tes pommettes et l'arête de ton nez. Tu laissais tes sourcils indemnes, te contentant de les brosser un peu et la touche finale fut sur tes lèvres : un rouge à lèvres sans transfert et longue tenue dans une teinte nude et non rouge. Un peu de spray fixateur… Et si c'était trop ? Tu t'empressas de regarder ton téléphone, regardant les messages dans le groupe et wow… Finalement, tu étais rassurée et pus enfiler ta robe et tes talons tranquillement. Tu te mis devant un miroir, posant de façon tout à fait banal pour leur envoyer ta tenue avant de vérifier ton sac à main et mettre ta fausse fourrure. Ce soir, vous porterez toutes les cinq le même modèle, il n'y aurait que la couleur qui changerait. Tu allais sortir quand tu te rappelas d'un oubli tout aussi important : le parfum. Tu cherchas lesquels tu avais en format voyage avant de le rajouter dans la trousse de toilette de ton sac à main, et utilisas le plus grand format pour t'en imprégner faiblement dans les longueurs de tes cheveux et sur tes poignets. Tu optas pour La nuit Trésor et fus enfin prête pour cette soirée.

Vous n'aviez pas eu besoin d'attendre très longtemps pour pouvoir rentrer. Après une simple vérification de vos papiers pour s'assurer que chacune de vos petites têtes étaient bien majeures effectuées, le “monde de la nuit” s'offrait à vous. Allez Megumi, respire un grand coup et essaie d'avoir l'air… cool et détendue. Vous aviez pu vous trouver un canapé dans lequel vous installer, avec sa petite table basse, parfait pour revenir après avoir bien dansé ! Mais toi, est-ce que tu savais danser ? Pour le moment, vous vous contentiez de regarder vos tenues et vous complimenter, d'aller vous chercher un verre avant de vous y installer pour parler de votre semaine, niveau boulot, famille, potes et plus si affinités. À les écouter, certaines choses semblaient si simples et faciles que tu t'en trouvais désespérante. La musique vous invitait de plus en plus à aller vous amuser et pourtant, tu avais terriblement peur d'y aller et de te ridiculiser. Alors après un petit essai de 2 minutes, tu leur dis que tu retournais auprès de vos affaires.
Tu laissas ton postérieur tomber sans ménagement sur le canapé et attrapas ton verre pour continuer de le siroter, priant intérieurement pour que tes amies ne t'en veulent pas. Tu reposas ton verre, vidé. Ce n'était qu'un cocktail sans alcool, alors il n'y avait aucune inquiétude à avoir sur la rapidité avec laquelle tu l'avais avalé. Mais tes yeux verts observaient comment chacun bougeaient, relationnaient. Dommage que tu ne puisses pas entendre ce que certains se disaient… Tu ajustas les lunettes sur ton nez, fouillant ton sac pour prendre ton téléphone et y pianoter quelques petites choses dans le bloc-notes quand une voix te fit relever les yeux :

« Bonsoir, je peux vous offrir un verre? Ou vous proposer une danse ? »

Ton premier réflexe fut de balancer tes yeux à ta gauche, puis à droite, mais à moins qu'il ne propose ça à votre tas de châles… tu tournas alors ta tête derrière toi, mais les quelques personnes qu'il y avait étaient entre elles et vous tournaient le dos, riant ensemble. Oh merde… il te voulait quoi lui ? Un verre ? Une danse ? Pourquoi ? Tu n'avais rien fait ! Tu n'avais même pas réalisé de contact visuel !

« Ah hmm bo-bonsoir ! On… On pourrait commencer par b-boire quelque chose, qu'en dites-vous ? »

Non, c'était mort. Tu avais trop bégayer, tu avais été trop surprise. Tu savais très bien que ce n'était pas ici que tu rencontrerais l'homme de ta vie mais ce n'était pas une raison pour être aussi facilement intimidée dès qu'on t'abordait. Tu te relevas tout de même, arborant un faible sourire, prête à le suivre au bar.

— t e n u e —

agora

C'était encore pire qu'il l'avait imaginé. Les femmes avaient-elles si peu évolué en un siècle? Cela étant dit, il n'était pas toujours persuadé qu'elles étaient capables d'évolution. Il se força à garder son sourire en place, oscillant entre le dégoût pour sa tâche, pour ses réflexions, et pour son interlocutrice. C'était presque comme se nourrir d'un animal, si ce n'était la qualité de la viande. Très galant malgré tout, parce qu'il restait un homme de son époque, il lui offrir son bras pour la guider. Après tout, il avait reçu la tâche de ramener une proie dans ses filets, et une jeune créature timide mais habillée comme une femme de petite vertu ne devrait pas être complexe à convaincre.

Discrètement, il fronça le nez. Quel horrible parfum avait-elle mis? Il avait parfois du mal à supporter toutes ces senteurs artificielles. Il aurait voulu être dans son laboratoire, stérile, isolé, solitaire et dans la tranquillité de ces gens qui ne le jugeaient pas, quelles que soient ses pensées. Il tenta de respirer profondément pour revenir à des sentiments plus charitables. Il se faisait souvent juger et rabaisser pour ses idées. Lentement, presque inconsciemment, sa posture se dégrada, ses épaules s'arrondirent, et sa tête se baissa légèrement. Plus de tolérance, Benedikt... Il la mena finalement jusqu'au bar, lui tirant une chaise haute.

"Que souhaitez-vous boire? Au fait, je m'appelle Benedikt, mais tout le monde m'appelle Bambi."

Il sourit un peu timidement aussi, sans vraiment s'en rendre compte, repoussant ses cheveux lavandes derrière son épaule, fixant son regard de la même couleur, souligné par un grain de beauté et un peu de liner, sur la jeune femme. Ce n'était pas un specimen horrible, pour une espèce inférieure. Il pouvait faire un effort. Il attendit sa réponse et appela discrètement le barman pour commander, essayant de froncer les sourcils en le voyant fixer le décolleté de sa compagne d'un soir. C'était épuisant d'avoir l'impression d'être intéressé par ces bas instincts humains.

"Désolé pour son attitude, vous voulez que je le réprimande?"

Il n'avait aucune idée de comment cette danse de "séduction" se dansait. Peu lui importait, mais il n'y avait pas cinquante solutions tant qu'il ne pouvait pas juste attraper une personne et mordre dedans comme dans les pommes du verger de son enfance. Croquantes, juteuses, juste avec une pointe d'acidité. Il commença à saliver et reprit un moment pour se calmer. Ce serait de mauvaise forme de devenir affamé au milieu de tous ces repas ambulants. Comme un buffet à volonté. Il la regarda à nouveau, espérant que le rouge, s'il en restait, serait caché par ses lentilles de couleur.

"Vous venez ici souvent? Je n'ai pas souvenir de vous y avoir déjà croisée."

Un nouveau sourire. Il pouvait être charmant, parfois. Parfois. Mais c'était un effort. Et il l'aurait déjà vue, Eri l'emmenait ici suffisamment souvent. Il n'y aurait plus qu'à espérer qu'elle aurait au moins un peu de conversation. Autant espérer qu'un poisson rouge philosophe avec vous, mais l'espoir faisait vivre, paraissait-il...

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