(flashback) Remember this time (Yuya) (abandonné)

Remember this time

Le marché de Noël. Depuis combien de temps elle regardait Yuya avec des yeux de cockers chaque fois qu’un petit prospectus lui passait devant les yeux ? Qu’elle rêvassait avec son mocha du matin, et que ses cours lui paraissaient soudainement moins intéressants lorsque les flocons de neige tombaient ?

Oh, il a fallu peut-être quelques sourires et quelques regards taquins pour que l’idée germe doucement dans l’esprit du blond de l’y emmener. A moins que ce ne soit l’inverse et que la demoiselle, à l’époque encore brunette, prit l’initiative de lui proposer cette sortie. Le résultat final était le même cependant.

Emma glissa sa main gantée dans celle de son homologue, heureuse de partager un moment en amoureux, des étoiles pleins les yeux. C’était son esprit d’enfant qui était réveillé par ces fêtes, encore plus que d’ordinaire. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder avec une certaine adoration le visage de Yu, de temps en temps. Habillée d’un chaud manteau d’hiver grisé, d’un pantalon jean un peu usé et de baskets montantes bleues, elle arborait un bonnet rose en laine et une écharpe aux mêmes tons grisés que son manteau. Elle marchait en tenait la main du blond, parfois en s’appuyant contre lui, de par leurs bras qui se touchaient. Elle regardait partout, tout le temps, âme rêveuse attirée par toutes les couleurs... et les odeurs!

Les yeux encore émerveillés de la soirée qui débutait, la jeune femme tourna son sourire et son regard adorable et plein d’envie vers son ainé.

“Yu-san, tu as déjà goûté de la pâte à cookie ?”

Comestibles, ils en vendaient un peu plus loin dans un des stands. La jeune femme connaissait le goût, mais était curieuse de savoir si l’homme qu’elle aimait le connaissait aussi, ou de lui faire découvrir. Elle était à l’écoute du moindre de ses mouvements et de ses paroles, cherchant à vouloir lui offrir ce qu’il pourrait désirer le plus, malgré ses maigres économies de l’époque, étant sans revenus à ce moment-là.

agora

On pourrait se dire que ça aurait pas pu coller entre eux, ils sont tellement différents, tellement pas la même énergie, la même vibe, la même tout. Ils ont peut-être de commun le bahut, les origines bâtardes et...
... c'est à peu près tout.
Si, ils sont tournés vers l'extérieur, aiment sortir et voir plein de choses.
Puis ce serait mentir de dire que c'est pas possible d'être un peu touché par la naïveté et la simplicité d'Emma. Et ce serait encore plus mentir de dire que ça a pas plu à Yuya. Il aime les fortes têtes et les esprits combattants, ceux qui veulent jamais lâcher le morceau, jamais lâcher l'affaire, mais peut-être bien que oui, il suffisait d'un coffre de gentillesse mesurant 1m55 pour lui convenir.
Elle lui a fait les yeux doux toute la semaine pour une virée lovey-dovey au marché de Noël, et en même temps elle a pas du insister très longtemps vu que le principal concerné avait prévu de les y emmener bien avant que l'évènement n'ait commencé à installer les stands dans la plus grande artère du centre-ville.
Maintenant qu'ils y sont, c'est main dans la main qu'ils se promènent entre les structures organisées tout spécialement pour célébrer l'arrivée de Noël, et faut le dire : c'est plutôt canon.
Il s'est fringué dans un long manteau beige, en-dessous duquel un col roulé taupe remonte jusqu'à sa jugulaire. Plus bas le pantalon blanc cassé retombe jusqu'à ses boots en cuir lustrées.
Laine de mouton vénitien et cuir en veau d'Inde. L'homme a de la thune et il aime le montrer.
Au beau milieu des stands, les odeurs de nourriture chatouillent ses narines. On peut voir des vendeurs occupés à griller des aliments qui n'ont absolument rien à voir avec Noël ; d'autres invitent les touristes à venir goûter les boissons raffinées entre deux dégustations douteuses, et au beau milieu de tout ça, il y a Emma et lui.

- J'crois pas avoir goûté ? J'sais plus.

Il réfléchit quand elle lui demande si la pâte à cookie, il connaît.

- En Suède on fait des brioches au safran pour Noël, et on prend ça avec du bon vin chaud.

Le lussekatt de sa mère avait le mérite d'être bon. Maintenant, pour les fêtes de fin d'année, elle s'est reconvertie au KFC, comme tout le monde. Dommage.

- J't'en ferai si tu veux. Avec un bon saumon gravlax pour l'entrée.

Il lui sourit. Un beau sourire aux dents bien blanches.
Autour d'eux, ça s'étonne de voir un type aux cheveux si clairs parmi toute la foule nippone. Ça c'est un effet qui ne changera jamais. Gaijin un jour, gaijin toujours. Emma aussi elle connaît un peu ça, via son nom et son prénom. Pas commun de s'appeler Jones par ici.

- Enfin j'vais devoir importer des produits, mais pas grave, ça va être l'occasion pour te faire goûter. Pour une fois ce sera pas toi qui cuisines ! Au fait, le 24, tes parents ils sont toujours ok pour que je vienne ? J'veux pas déranger.

Peut-être qu'il dit ça par politesse. La dernière fois qu'il est venu, tout s'est très bien passé. Il se rappelle même qu'ils ont été surpris que leur fille sorte avec un type de... son envergure. C'est vrai qu'il gravite dans un autre monde, Yuya. Qu'il dégage un truc à part. C'est pas tout le monde qui se paye des pompes à 60 000 yens.

Remember this time

Son ange blanc, et son sourire tout aussi étincelant. Elle aimait le voir sourire, Emma. Il était si beau, quand il était heureux. Lorsque les traits de son visage s’assombrissaient, la douce avait toujours peur d’être la cause de ses maux. Parce qu’elle savait, au fond, loin, caché et discrédité par cet amour qu’elle lui portait. Ils n’étaient pas du même milieu. Sa mère lui avait dit, la première fois qu’elle avait présenté Yuya à sa famille. Qu’il ne fallait pas qu’elle s’attache trop fort, que les premières histoires ne porteraient pas ce nom si elles étaient les dernières vécues. Emma refusait d’y croire. Pour elle, c’était Yuya ou personne d’autre. Son coeur lui hurlait, son corps y réagissait, ses pensées étaient tournées vers lui. Il ne pouvait en être autrement.

Elle ne se sentait d’ailleurs pas en reste, à ses côtés. Bien que ses vêtements ne coûtent pas autant de yens que les siens, elle ne s’était jamais senti “pas assez”, ou “trop pauvre”, non. C’était sûrement une partie de sa candeur, il faut l’avouer.

“Des brioches avec du safran? J’aimerais tellement en goûter.”

Être étrangère au Japon, ne l’a jamais dérangée. Car elle avait eu de la chance. D’être douce, mignonne, d’être une femme, et d’être entourée et aimée. Elle avait connu les bonnes personnes, fait les bonnes rencontres. Elle se savait chanceuse, et avait été forgée par cet amour donné tout au long de sa croissance. Même si les choses changeaient doucement, et qu’elles allaient changer à l’avenir aussi, elle ne perdrait pas son éducation et ses souvenirs, son passé, tout cela faisaient partie d’elle à présent.

Elle le dirigea alors doucement vers le stand de pâtes à cookie. Il fallait aimer, c’était spécial. Tout le monde n’aimait pas cela. Cependant, à défaut des vraies pâtes à cookie qui étaient indigeste à trop fortes doses, celles-ci étaient faites pour être comestibles.

“Oui, toujours. Ma mère est sûrement déjà prête. Elle tient à t’impressionner.”

Emma rit, légère. C’était censé souvent être le contraire dans les familles, mais la mère de la jeune Emma n’avait pas envie de faire défaut à sa fille. Elle non plus, ne voulait pas être la cause de leur rupture. Elle faisait donc toujours son maximum pour bien accueillir le garçon, aussi modestement qu’elle le pouvait. Les moyens étaient limités dans la famille, même s’ils s’en sortaient suffisamment pour payer -pour l’instant- les études de leur fille unique.

“Ils t’aiment bien.”

La jeune femme remit une mèche derrière son oreille, gênée de l’avouer. Ce n’était pas des simples mots, pour elle. Cela signifiait qu’ils acceptaient leur relation, malgré les réticences de sa mère et sa fatalité. Cela signifiait qu’elle pouvait y croire encore plus. Elle leva les yeux pour commander un petit pot de pâte à cookie au chocolat, cherchant sa monnaie pour payer la demoiselle. En fouillant dans ses poches, elle fit tomber son téléphone et soupira en le ramassant, regardant si la moindre fissure était présente. Celui-ci était déjà amoché, il faut dire. Quelques fissures traînaillaient par-ci et par-là, mais Emma tenait à le garder tant qu’il fonctionnait. C’était un peu comme ça avec beaucoup de choses. Pourquoi jeter, quand on peut réparer?

agora

Elles sont jalouses, les filles qui crèveraient d'être à la place de Emma. Pour tenir la main à Goto en toutes circonstances, lui quémander des choses qui ne seraient possibles qu'au sein d'une relation amoureuse. L'appeler chéri ou mon amour, comme s'il était vrai que jamais le blond n'irait plus voir ailleurs.
Elle est naïve ou bien elle lui fait une confiance aveugle.
On sait pas à quoi il pense vraiment, Yuya. Peut-être que derrière ses sourires blancs coton il se marre. Il se gausse à chaque fois que Emma lui envoie un sms pour lui demander si tout va bien, où est-il et que fait-il. Peut-être que rien de tout ça n'a de sens.

- Elle est cool ta mère, pas besoin de m'impressionner.

Il hausse des épaules dans un air détendu. Peut-être juste qu'on ne peut pas l'impressionner, Yuya. Qu'il vaut mieux avoir l'air cool plutôt que d'essayer de provoquer l'impossible.
Devant le stand, l'odeur de sucre et de beurre mélangés intrigue ses sens ; il se penche pour observer les préparations en train de cuir. Le marchand les salue et leur propose déjà de goûter sa super pâte à cookie et chocolat.

- Une portion s'il vous plaît. Deux cuillères oui.

On s'attèle à remplir un petit pot pour eux alors que Emma renverse son mobile à terre. L'accident n'échappe pas à Yuya qui plie des genoux pour récupérer l'appareil endommagé.

- Eh... Heureusement que c'est pas comme ça que tu me traites. Il est un peu fêlé sur l'écran, c'était déjà comme ça ?

Il examine la surface craquelée, ça reste superficiel. Dans la chute, le tel s'est allumé sur l'écran à déverrouiller. Yuya le rend à Emma.

- Teste pour voir qu'il est pas pété.

De toute façon il sait quoi offrir à sa dulcinée pour Noël, maintenant.
Enfin, on les sert : Yuya devance la poigne de Emma en payant à sa place.

- C'est cadeau. Pis ça a l'air blindant comme truc. Tiens, sers-toi.

Il lui file sa cuillère en plastique avant de reprendre la marche, enroulant son bras autour de son épaule pour la rapprocher de lui. Un joli couple tout ce qu'il y a de plus vrai n'est-ce pas.

- On peut se poser au bord de la fontaine si t'as pas peur de l'eau froide. Après, j'crois qu'ils ont prévu un feu d'artifices pour dix-neuf heures, on pourra aller voir ! Y a des stands qui ont l'air méga cool aussi, j'ai envie d'y aller.

Remember this time

Emma ne remarque pas les regards envieux. Toute son attention est braquée sur l’homme qui se tient près d’elle. Il faut dire qu’elle chérit leurs moments, pour avoir de jolis souvenirs à garder avec le temps. Elle se voyait déjà raconter, plus tard, bien plus tard, ces moments de leur début de relations avec de la nostalgie dans le regard et de l’amour également.

“Oui, mais elle est comme ça.”

Un sourire amusé sur les lèvres. Lorsqu’elle récupère le téléphone, elle écarquille doucement les yeux devant sa remarque, avant de rire, un rire angélique et cristallin.

“Oui, mais ne t’en fais pas, il marche très bien encore. J’ai juste peur de le perdre un peu plus chaque fois qu’il tombe!”

Ce qui était vrai. Mais, encore heureusement, aujourd’hui les téléphones sont assez solides même si les chutes ne les réaniment parfois plus. Ce n’était pas comme les anciens modèles qui pouvaient survivre à tout, mais ils avaient le mérite de tenir au moins à une centaine de chutes avant de voir leur âme s’échapper. Ce qu’Emma était très reconnaissante.

Elle exécuta les conseils de son amant, déverrouillant l’écran. Par ailleurs, verrouillé comme déverrouillé, il s’agissait d’une image d’eux deux. Elle n’avait d’ailleurs pas de code de déverrouillage non plus, préférant simplement glisser son doigt par soucis de simplicité. Elle n’avait également rien à cacher, que ce soit des messages ou des photos. Tout ce qui était dans son téléphone, pouvait être consulté sans soucis par Yuya. Emma n’était pas trop jalouse “pour rien”. Elle n’avait pas cette envie de fouiller dans le téléphone de son amoureux, ni même envie d’avoir ce regard assassin envers les femmes qui le convoitaient. Cependant, si elle avait des doutes, il se pouvait que sa jalousie se manifeste par des moues boudeuses, ou une demande d’attention supplémentaire. Les grandes crises et les cris, ce n’était pas dans son tempérament. Elle était de ces femmes qui sourient et pleurent en silence, rompent simplement comme un bonjour du printemps, que de partir en hurlements et autres joyeusetés offensantes.

Elle souriait, rougissante légèrement - mais elle accusera le froid si on lui fait remarquer - de l’attention de payer de son amoureux. Elle prit la petite boite et y plongea la petite cuillère, souriante et heureuse de manger quelque chose qu’elle appréciait. La cuillère en bouche, elle se lova un peu plus contre Yuya quand celui-ci passa son bras autour d’elle. Elle hocha la tête pour qu’ils se dirigent vers la fontaine. Retirant la cuillère, la demoiselle le regarda.

“Ca fait tellement longtemps que je n’ai pas vu de feu d’artifices ! J’ai hâte de voir celui qu’ils ont fait cette année.”

La demoiselle acquiesça à nouveau pour les stands alors qu’elle posa ses fesses sur le bord de la fontaine. Elle ne retient pas le frisson de froid qui la parcourut, celui qui traversait son corps du contact frais du marbre.

“Oh! Mais qu’il fait froid...”

Elle tendit le petit pot à Yuya, alors qu’elle regardait les stands. Elle sourit en montrant du doigt celui des peluches de petits ours.

“Tu crois que ce sont des peluches-bouillottes ? J’aimerais trop m’en prendre une ! C’est super pratique, surtout pour dormir en plus.”

agora

Lovey-dovey, vraiment.
À se demander quand est-ce qu'il va y avoir une explosion, une chute de comètes ou l'arrivée d'un assassin pour venir mettre un terme à ce rendez-vous bien trop parfait. Aucune existence ne peut être aussi lisse et simple. Il doit y avoir un traquenard quelque part.
Et si le traquenard, c'était Yuya ?
Dans l'ombre de leur couple, il y a tous ces autres, ces mystères et ces inconnus qui lorgnent comme des hyènes, à se pourlécher les babines en attendant de voir quand est-ce que le suédois décidera que tout ceci aura bien assez duré. Il a l'attention bien trop frivole et sauvage, autant que son tempérament acteur n'est capable de supporter la routine ennuyeuse d'une relation impeccable sur la durée. Il est de ces êtres humains qui ne vivent que d'adrénaline et de danger. La prise de risque, l'étranger et l'irrésolu comme nourriture. Arrivera un moment où Yuya finira par voir sa source se tarir, signe qu'il sera temps de s'envoler pour d'autres horizons.
Satomi le sait, et sans doute est-ce cette idée d'une rupture prochaine qui lui fait garder le silence quand elle et la bien-aimée se fréquentent.

- Hanabi. C'est toujours beau ces pétards dans le ciel. Une fois, quand j'étais en Suède, on a entendu des feux d'artifice, tard le soir. C'était lointain, on savait pas trop pourquoi ils faisaient des feux, c'était pas Noël ni rien. On était l'été, une date random, même pas un jour de fête. Mais c'était beau, c'était paisible même, et on s'est endormis là-dessus.

Il souffle du nez, amusé.

- Le lendemain, on s'est rendus compte que ce qu'on a pris pour des feux d'artifice, c'étaient les fusils des chasseurs en train de traquer le gibier dans la montagne. J'ai jamais su pourquoi ils avaient fait ça en pleine nuit, ça doit être galère de chasser sans rien y voir. Ouais c'était assez inhabituel maintenant que j'y pense... Y a eu des infos qui sont passées, à l'époque. Une drôle d'attaque d'animaux sauvages, c'était jamais arrivé. Mais on en a jamais su plus. Franchement ça m'a toujours intrigué.

Ce genre de faits divers un peu particuliers qu'on voit passer dans la gazette du jour, et puis plus jamais. Ou de manière très épisodique. Comme si les bêtes sauvages en question agissaient de manière méthodique pour qu'on entende pas trop parler d'elles. Enfin, ça, ça aurait pu être vrai si on parlait de personnes dotées de conscience et capables de réflexion sur la durée. Or, les animaux ne sont pas équipées de ça. Non ?

- T'as pas trop froid ? Je sens rien, moi. On avait l'habitude là-bas. Faisait toujours des températures basses et sèches. On se baladait en t-shirt l'hiver.

Tandis qu'il goûte une cuillérée de pâte à cookie, quand Emma mentionne le stand de peluches, Yuya lève les yeux vers la petite structure en bois. On y voit suspendues à la devanture des bouillottes à l'effigie d'animaux mignons.

- Si t'en veux, on peut en prendre. En vrai, pour me réchauffer, j'ai une autre technique.

Un sourire espiègle s'étire au coin de ses lèvres alors que ses pupilles iceberg se reposent sur Emma. À voir si elle comprend le sous-entendu.

Remember this time

La douce boit ses paroles. Pas comme si elles étaient divines, mais réellement comme si elles avaient manqué à sa vie depuis tout ce temps. Elle voulait connaître chaque petite anecdote de la vie de cet homme, quand bien même sa mémoire lui ferait sûrement défaut dans quelques mois de relation. Elle le regardait avec attention que pourrait avoir les labradors envers leur maître, une attention débordante d’amour et d’attention, prêt à tous les sacrifices du monde.

Elle observe ses réactions quand il mange, tout simplement pour savoir s'il aime. Elle sourit quand il sourit, car elle apprécie le voir raconter et passer un bon moment en sa compagnie. Le signal était mené quand il mentionna d’aller en acheter une, ce qui donna suffisamment d’étoiles dans les yeux d’Emma à nouveau pour la faire sourire encore plus grandement.

“Vraiment ?”

Elle captait ensuite la fin de phrase. Du rouge parcourut ses joues. Elle était candide, la jeune, mais comprenait assez bien le langage qu’il sous-entendait. Les hormones avaient toujours fait effet chez elle quand elle était en présence de son bellâtre. Il faut dire qu’en deux mois de relation, les choses n’étaient pas toujours douces et calmes... surtout dans l’intimité. Séduite, elle n’avait pas mis longtemps à succomber au regard charmeur et aux mains douces de son ange blanc, elle encore totalement inexpérimenté à ce moment-là. Elle détourna alors le regard, le visage, hésitante. Elle finit par se redresser pour venir s’asseoir sur ses genoux, et s’y blottir, passant ses bras autour de son cou en faisant attention à ne pas renverser le pot.

La douce prit une initiative qu’elle ne prenait que rarement, mais parce qu’elle savait qu’il aimait cela. Quand elle n’était pas toujours sage et docile, pas forcément parce que c’était dans sa nature. Ses lèvres viennent alors chatouiller le cou du blond, le parsemant de petits baisers avant que sa bouche ne vienne contre son oreille.

“Vous êtes gênant, Monsieur Goto.”

La douce Emma rit alors en s’écartant doucement, restant pourtant tout contre lui, caressant son visage de ses doigts petits et fins.

“Mais incroyablement beau, et adorable.”

Elle posa alors un baiser sur le bout de son nez, beaucoup trop amoureuse pour deux mois de relation.

“Je t’aime.”

Ces mots. Elle les avait sortis autant de fois qu’elle le ressentait. Peut-être trop, pour certains. Cependant, ils étaient véritables et sincères. Peut-être seulement une semaine après leur premier baiser, elle les avait dit. Naturellement, rougissante, le coeur au bord des lèvres. Depuis, ils n’avaient cessé parfois de pleuvoir dans les messages. Il ne passait pas une journée sans qu’elle ne le mentionne, même distraitement. Oui, elle l’aimait profondément, son Yuya.

agora

Il les aime quand elles s'attachent à lui avec cette rapidité, comme si ça n'avait jamais été autrement.
C'est plaisant de se savoir adoré, peu importe par qui. Par un roi ou par un roturier ; même histoire. Les classes sociales lui importent peu.
Quand elle abandonne sa position pour venir s'installer directement sur son giron, c'est la surprise du soir.

- Alors on se montre entreprenante, mademoiselle ?

Ses mains gantées remontent le long de ses flancs, maintenant Jones bien à sa place pendant qu'elle vient picorer le pavillon de son oreille à coups de baisers tendres.

- C'est que ça pourrait me donner des idées...

Son timbre de voix a baissé. Plus moelleux, plus intimiste.
Beau. Adorable. Je t'aime.
Flatterie pour son ego, caresse sur son âme et chaleur qui monte, qui monte.

- Les feux d'artifice dehors, ou à la maison... À toi de voir...

Et ils seront tranquilles. Papa et maman conviés chez des amis toute la semaine de congés.
Le bout de son museau accueille les pulpeuses à Emma, tout autant qu'il sent ses attentions sur la ligne de sa mâchoire. La pudeur ne fait pas vraiment partie de ses convictions et le voilà à cueillir le baiser tant attendu, lèvres pressées les unes contre l'autres. L'instant est court, presque chaste, tandis que ses caresses s'intensifient un peu plus sur les hanches de mademoiselle.
Là, ça commence à devenir intéressant.

Remember this time

Emma veut faire plaisir. Elle sait, elle comprend. Elle connait maintenant, depuis quelques semaines à le fréquenter. Les regards, les mouvements, les caresses. Elle inspire, douce, compréhensive. Elle connait le besoin physique de son petit-ami, et l’aimant d’un amour immense, apprécie voir sa satisfaction sur son visage en tout instant.

Mais elle notifia aussi l'absence de retour. Elle aimait l'entendre dire qu'il l'aimait. L'avait-elle déjà entendue ? Dans tout les cas, ces mots étaient précieux pour elle, et ne pas l'entendre dire en retour, la peinait légèrement sans qu'elle ne le montre. C'était une douleur passagère, qui passerait. Il l'aimait, elle le savait. Il ne s'afficherait pas avec elle ainsi sinon, surtout avec les coutumes du pays qu'elle connait - et applique normalement - elle aussi sur la pudeur des couples.

“Mais, on vient à peine de sortir...”

Elle ne veut pas paraître chiante. Ni insistante, ni oppressante. Elle ne veut pas le décevoir, encore moins qu’il soupire de ses phrases. Mais elle aimerait tellement profiter de ce moment, plutôt que de rester enfermer entre quatre murs.

Elle cherche alors un compromis.

“Une bouillotte, un KFC à emporter, et on rentre, d’accord ?”

Ils auraient de quoi manger, au moins. Pour qu’il proposer de rentrer, c’est que ses parents doivent être absents. La jeune femme se demandait ce qu’ils faisaient, en ce temps. Les congés, les fêtes, beaucoup de gens bougeaient un peu partout. C’était peut-être le cas pour lui.

“Tes parents sont absents?”

Simple curiosité, mais au moins, cela confirmerait pour elle, ses pensées sur les intentions de l’homme à son égard. Il n’oserait surement pas ; enfin dans son esprit ; déranger ses parents avec sa présence et pour des moments intimes.

agora

- On est pas pressés, darling. Je suis dehors et j'y resterai tant que tu voudras.

Qu'elle se rassure ; il sait vivre sans une étreinte charnelle pendant plus d'une journée.

- T'es sûre de vouloir fêter la journée avec un fast-food ? Je m'étais dit que je pouvais tenter de te cuisiner un truc, pour une fois...

Il fait la moue, déçu. Faussement ou réellement, c'est dur de dire.

- On a rien vu du marché encore, j'te propose quand même de faire le tour. On chope ta bouillote en chemin, évidemment. Puis j'ai envie de voir le feu d'artifice.

Lorsqu'elle lui demande si ses parents sont absents, Yuya semble réfléchir à sa réponse. Peut-être même que pendant ce temps, ses caresses se sont perdues à hauteur des hanches de mademoiselle. Histoire de dévier l'attention.

- Invités chez des amis.

Haussement d'épaules désintéressé.

- J'ai préféré passer du temps avec toi.

Ce serait con qu'elle apprenne qu'il a fui la soirée mondaine reloue en prétextant avoir le marché de noël à faire avec elle.

- Bon, on y go, la reine des neiges ? On va cristalliser à force de rester assis là. Tu sais, je crois que je sens même plus mon derrière.

Remember this time

Emma n’aime pas la moue sur son visage. Elle ne voit pas pourquoi il ne souhaite pas un KFC, après tout, c’était la tradition ici, surtout pour les fêtes de Noel et les alentours. Depuis qu’elle était petite, elle mangeait ça pour Noel, et ça lui rappelait de bons souvenirs. Elle ne voulait cependant rien imposer à son cher et tendre, et hocha la tête.

“On peut cuisiner aussi.”

Elle sourit légèrement, ne montrant pas sa propre déception à elle. Elle en prendrait un avec ses parents dans quelques jours. Cependant, l’annonce du feu d’artifice et de la bouillotte, lui redonne un véritable sourire et des étoiles dans les yeux.

“Ouii ! J’aimerais beaucoup !”

Les frissons que lui procurent ses caresses restent interdites dans les pensées de la demoiselle. Le rouge lui monte rapidement aux joues, mais cela pourrait tout aussi bien être le froid, au fond...

“Tu es adorable.”

Elle ne se doute nullement du prétexte et resserre même son étreinte sur le jeune homme après cette révélation d’amour à ses yeux. Soupirant d’aise, elle finit par rire doucement à sa remarque et se redresser pour tendre doucement la main, espérant y recevoir la sienne.

“Très beau programme dans ce cas Je te suite, tu mènes la danse.”

Elle le regarde avec ces yeux qui pourraient faire fondre les bonhommes de neige. Il représente beaucoup pour elle, peut-être trop. Cela se voit qu’elle se projette déjà loin, dans un petit cocon et conte de fée, où les histoires finissent toujours bien. Oui. C’était une évidence...

agora

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