La manque de ce besoin de dormir comme un humain était quelque chose que le vampire appréciait particulièrement. Après tout, il y avait tant à faire en une seule journée, particulièrement lorsqu’il était non seulement le patron d’une boîte de mode, mais aussi le patron d’une compagnie beaucoup plus sombre. La B.A.V. commençait à lui poser de plus en plus de questions, lui conseillant de vendre la boîte dans une dizaine d'années avant que cela ne laisse trop de traces. Ils cherchaient un moyen de l’arrêter, de terminer ses activités, mais ils n’avaient rien pour le moment et jouer à chat ne l’intéressait pas nécessairement.

Après tout, il organisait le tout pour son propre sens de la justice, garder les criminels qui avaient joint ses rangs dans une organisation qu’ils ne pouvaient pas nécessairement quitter sans répercussion, mais aussi protéger les personnes qui en avait eu besoin il y a si longtemps. Aoyama était en train de dessiner des plans pour la compagnie de mode, répondant à des courriels à des heures impossibles et avant qu’il ne le réalise, le soleil avait déjà quitté le ciel, la nuit était jeune et la fatigue mentale se faisait légèrement ressentir.

Il se demandait cela faisait combien d’années qu’il n’avait pas sculpté quelque chose pour son plaisir, combien de temps cela faisait depuis qu’il avait vendu sa dernière sculpture? Quelques années seulement, mais étrangement, même pour lui cela semblait aussi loin que le moment de sa transformation. La contemplation de ce passe-temps légèrement perdu lui faisait sincèrement penser qu’il avait droit à une pause. Après tout, il y avait des moments où il pouvait passer des jours sans relâche à répondre à des messages, des courriels, se déplacer d’un endroit à un autre sans jamais s'arrêter, mais maintenant, il avait besoin d’une pause et c’était bien ce qu’il comptait faire.

Prenant un moment pour laisser son corps absorber la chaleur d’une bonne douche, prenant le temps de tresser une mèche et la décorer, mettre des vêtements sobre pour lui, mais qui pouvait facilement le différencier des autres. Le vieux vampire n’avait pas nécessairement le désir qu’on le voit, mais il devait garder certaines apparences en tant que créateur de mode après tout. Un habit rouge vin, presque classique, mais dont le débardeur servait de chemise, où quelques broderies argentées de papillon étaient visibles, il prit un moment pour se regarder dans un miroir avant de sortir, satisfait de ce qu’il voyait, prenant soin de replacer son cache oeil orné de papillon en argent.

Ses pas se dirigeaient vers son stationnement avant de se dire qu'explorer les alentours ne pouvait pas être bien mauvais. Après tout, prendre un bar au hasard pouvait être intéressant, et même s’il n’y aurait pas de goût à l’alcool, il pourrait tout de même apprécier un nouvel environnement, sentir l’ivresse venir doucement en espérant qu’il ne régurgite pas sa boisson.

Ses pas le guidaient vers un bar assez populaire de Shibuya, prenant un moment pour voir s’il n’y avait pas de regard qui lui dirait de quitter avant qu’il ne pose son regard sur un jeune homme qui l'interpelait? C’est avec un doux sourire qu’il décida de s’asseoir près de lui après avoir commandé un verre de whiskey. Il observait le groupe doucement de son seul oeil, prenant le temps de graver leur visage dans sa mémoire, ces derniers ne semblant pas être une menace, non, mais l’homme qui venait de lui offrir un verre en était des plus intéressants.

- Merci,mais j’avoue que je préfère qu’on m’appelle pas mon nom. Aoyama Hibiki plutôt que monsieur.

Il n’avait pas nécessairement tort de l’appeler ainsi, même que vieillard, ancêtre pouvait être encore plus approprié, mais l’âge humain n’était pas le même. Il avait envie de pouvoir boire et rigoler avec les autres, envie de laisser sa tête se vider pour un moment alors qu’il laissait l’alcool prendre place. Il aimait la vivacité humaine de la jeunesse, celle qui ne comprenait pas leur propre mortalité et se créait des douleurs pour plus tard.

- Vous devez être des étudiants? ou peut-être ai-je tort? Quel est ton nom?

Il laissait son oeil brun regarder le bleu de l’homme qui ne semblait pas du tout japonais, mais qui le parlait bien. Aoyama ne pouvait s’empêcher de trouver sa jeunesse et sa beauté attirante et un sourire doux se dressait sur ses lèvres. Il avait envie de savoir s’il savait qui il était et ce qu’il lui voulait, La situation, peu importe comment elle se terminait, était voué à être intéressante.

Il était marrant, cet étranger avec ce manque d’accent. Pouvait-il réellement penser qu’il était un étranger si il étudiait ici et parlait aussi bien? Après tout, il pouvait aussi être né et avoir grandi dans ce beau pays et il n’aurait pas la place pour juger. Si un vampire tenait à ses traditions, il ne pouvait pas vivre et s’adapter au monde moderne selon lui. La culture n’était pas signe de préjuger et elle évoluait en fonction de la société.

Ainsi, l’inconnu lui disait d’une manière assez plaisante et un peu amusante, qu’ils étaient encore sur les bancs d’école. Il se demandait si cet homme habitait réellement encore chez ses parents, mais où était sa place pour le juger? Après tout, l’économie pouvait être difficile pour plusieurs, et si leur relations étaient bonnes, pourquoi pas après tout? Toujours dans ses papiers, il oubliait parfois que le monde tournait encore, que le temps avançait, ne s’en rappelant que lorsque la soif commençait à se sentir. Un étudiant en économie pouvait être utile… non, ce n’était pas l’endroit ni le moment de penser à faire du recrutement. Mais son commentaire sur le droit par contre.

- Tu dois donc apprécier les débats, avoir de fortes opinions, je me trompe?

Il n’avait pu s’empêcher de hausser son sourcil à ses suppositions sur son métier, avec comment il était ainsi habillé, il ne savait pas s’il devait rire ou pleurer.

- Je m’occupe en ce moment d’une boîte de mode en fait. Rien niveau juridique sauf s'assurer que la boite est en ordre, mais ce n’est pas moi qui s’occupe de vérifier non plus, mais en économie, tu pourras aider les personnes en difficultés financières si tel est ton désire après tout.

Le bar était un peu plus calme que lorsqu’il était arrivé, particulièrement cette section ce qu’il ne lui déplaisait pas nécessairement. Après tout, il avait rejoint un groupe d’étudiants inconnu et commencé une discussion avec ce bel homme qui lui offrait non seulement un verre, mais aussi son nom. Un doux sourire faisait voir jusqu’à ce que l’homme ne mentionne pas comment son cache-oeil était marrant. Il ne pouvait s’empêcher de boire le liquide sans saveur assez rapidement après ça. Au moins le jeune homme trouvait que ça lui faisait du style, ce qui n’était pas mauvais en soi. Pourtant, la douleur que cet oeil lui a fait subir, n’était pas quelque chose qu’il avait trouvé marrant à ce moment.

- Il faut mettre un peu de beauté dans les tragédies, sinon, à quoi serviraient-elles? Et je crois que ces filles craquent pour ta confiance en toi, et ton allure en général, pas seulement les lunettes, mais ça c’est la simple opinion d’un homme après tout.

Il prit une autre longue gorgée de son verre gentiment offert tout en regardant le physique de l’homme si près de lui. Un bel individu, charmant, charmeur en un sens même s’il ne le savait peut-être pas complètement, la confiance attirait bien des gens et Aoyama n’en était pas une exception. Il lui sourit doucement à sa question.

- J’en avais marre d’être dans les mêmes trois endroits et parler aux mêmes personnes, marcher et découvrir étant toujours quelque chose de précieux pour un artiste et, j’avoue que je ne suis pas déçu de cette curiosité. Après tout, j’ai non seulement un verre, mais une belle compagnie. Et toi, que ferais-tu si tu n’étais pas dans un bar avec tes amis à boire?

Aoyama écoutait doucement le jeune homme parler de ce qu’il appréciait en un sens. C’était peut-être un défaut professionnel de ressentir son niveau de danger, ou celui de sa bande qui parlait un peu plus tranquillement entre eux alors que le propriétaire semblait prendre toute l’attention du plus populaire de la petite bande. Il ne ressentait pas de danger imminent, peut-être seulement une petite soif qui commençait à se ressentir dans sa gorge. Il devrait peut-être songer à prendre un humain pour le satisfaire dans la prochaine soirée. Il n’aimait pas nécessairement prendre des innocents pour les troubler, prenant une gorgée ou deux des hommes qui se faisaient revendre en pièce détachée, ceux qu’il savaient qu’ils avaient commis certaines atrocités. Il n’était pas nécessairement un ange, il avait failli mourir lui-même lors de sa perte de contrôle, laissant des familles sans leurs proches, instaurant la peur chez beaucoup, mais cela faisait si longtemps. Le temps pouvait peut-être effacer ses péchés, il en avait tant après tout et il avait payé largement avant. Se sentir mal face à son passé ne servait à rien, non, il ne pouvait qu’avancer de l’avant.

- Être un patron a ses avantages. Les bénéfices sont les meilleurs, ne rendre de compte à personne est agréable, mais il faut aussi subir les conséquences des autres, le manque d’expériences de certains, la supervision, tout est la responsabilité du patron après tout. Délégué est primordial, mais laisser une compagnie sans supervision est risqué, et plus la compagnie est grande, moins il y a d’heure de sommeil, mais en tant qu’étudiant, le manque de sommeil, tu dois déjà connaître non?

Être patron d’une boîte de mode avait ses désavantages en soi. Il avait une certaine popularité qu’il n’appréciait pas particulièrement. Les feux des projecteurs un peu plus sur lui qu’il n’aimerait, il devait se montrer extrêmement plus prudent pour ses autres activités. Il ne pouvait à peine se montrer maintenant, délégant et espérant que ses valeurs restent dans cette sombre compagnie pendant qu’il posait une façade pour aider certaines activités.

- Je suis bien d’accord avec toi. La vente, le marketing fait un produit beaucoup plus que le produit lui-même. Après tout, si le besoin n’est pas là à la base, il est primordial d’en créer un. Tomber dans l’oubli est si facile ces jours-ci, avec la montée de tant d’entreprise, les réseaux sociaux qui joue un grand rôle désormais… Enfin. Je ne doute pas de ton excellence lorsque tu termineras tes études.

Aoyama n’avait jamais été en suède, mais à voir ce joli jeune homme, il commençait à y songer. Il le laissait parler, trouvant sa confiance en lui charmante en un sens et il ne pouvait pas s’empêcher de sourire en l’entendant parler d’un homme qui lui avait demandé d’être un modèle. Il se demandait si le jeune tentait de se trouver une opportunité dans sa boîte, mentir pour être intéressant ou si c’était une simple coïncidence. Peu importait finalement, car Aoyama décidait de mordre à l’hameçon.

- Le mannequinat n’est pas pour tout le monde. Tu as de beaux traits bien définis. Nous avons un bon succès en Amérique, alors ta carrure, tes traits pourraient très bien être un atout, mais ce métier est bien plus que ça et, dépendamment de la boîte avec qui tu fais affaires, il peut y avoir beaucoup d’abus. Tu as beaucoup de confiance en toi et ça pourra t’aider, mais c’est un métier qui a beaucoup plus de défis qu’on peut le croire. Si tu as envie d’avoir de bonnes conditions, je te conseille de tenter d’appliquer chez Hibiki, je pourrais même laisser un mot pour qu’on te laisse une chance, mais sinon, je te souhaite bon courage.

Aoyama leva son verre doucement, terminant son vin qu’on lui avait tendu alors que la douceur des mots sur une promenade nocturne réveillait le vampire en lui, non d’une manière physique, mais cette opportunité de pouvoir amener une proie discrètement loin et lui prendre un peu de son sang. Il ne le ferait pas maintenant, non, ce serait beaucoup trop suspicieux, dommage…

- Lorsque la nuit tombe rapidement, qu’il n’y a presque plus personne dans les rues, la ville semble silencieuse, vide. C'est un sentiment que j’apprécie particulièrement. Je suis d’accord, les gens ne sont jamais les mêmes la nuit, ça rend le tout intéressant. Et si tu as envie qu’on sorte seulement les deux pour profiter de cette belle nuit à l’extérieur, j’en serais partant. Je comprend si tu préfères rester avec tes amis, ou que tu aies trop bu pour encore marcher droit.

Aoyama fit signe doucement au barman qui les regardaient d’apporter une autre bouteille de vin, souriant doucement à ce Yuya.

-Ta présence semble apporter un peu d’inspiration je suppose.