that wound is as deep as the ocean. (shinji) (abandonné)

C'est rare qu'on ne le voie pas entouré de toute une cohorte de laquais, Goto.
Entre ceux qui veulent à tout prix entrer dans son cercle social, peu importe comment. Ceux qui sont persuadés d'avoir réellement quelque chose en commun avec lui. Et puis ceux qui espèrent juste se faire remarquer un jour par quelqu'un d'un peu important.
Chaque fois ça défile. Et chaque fois il peut voir le paysage autour de lui changer, les nouvelles têtes arriver. Parfois, il y en a qui s'en vont. Mais celles-là, Yuya ne les voit jamais.
Ou peut-être qu'il s'en aperçoit mais ne dit tout simplement rien. Parce que ça n'a possiblement aucune importance.
En quittant la demeure familiale, il s'enfonce tranquillement dans l'obscurité, poings dans les poches, le nez dressé vers l'astre lunaire. Une pâleur éclatante qui rime avec sa propre couleur de cheveux.
Au milieu des rues se bousculent les groupes d'étudiants, les fêtards, les travailleurs du soir et ceux qui ont décidé d'aller fuir la réalité en faisant un détour par le bar du coin.
Téléphone à la main, les sms défilent à toute allure, il envoie un dernier truc à Satomi avant de verrouiller l'écran qui retourne pioncer au fond de sa poche.
En t-shirt et jogging, la froide brise commence à se faire sentir sur sa peau dressée en chair de poule.
Il y a un peu moins de monde, ici. Moins de bruit.
Et peu importe qu'il y ait moins de bruit, ça arrive toujours que des locaux le prennent pour un gaijin avec sa crinière platine et ses pupilles bien trop bleues. Mais tout à coup les habitants se rebiffent dans une déglutition gênée lorsqu'ils entendent le japonais parfait du blond.
C'est un jeu qui l'amuse.
Parfois on le prend pour un touriste, et on cherche à l'appâter avec ces techniques fourbes qu'il connaît par cœur. Le plus drôle, c'est peut-être le fait de se laisser embobiner exprès pour voir jusqu'où peuvent aller ces escrocs sauvages. Le fait de garder la bouche fermée pour ne révéler l'entourloupe qu'à la toute fin.
Quelque part, il aimerait bien que quelqu'un le harponne tout de suite pour lui proposer une affaire en or, un resto pas cher ou bien rejoindre un groupe de paroles dont les intentions louables cachent le rassemblement d'une secte d'illuminés. C'est vrai que c'est arrivé un jour.
Un peu plus loin, il y a ce parc niché entre quelques arbres dont les feuilles se sont éparpillées à terre.
Comme d'habitude, à cette heure-ci de la nuit, il n'y a personne. Quelques bruits de circulation lointaine, des murmures qui se sont perdus au coin de la rue, les derniers rideaux de fer qui tombent. On aperçoit encore les luminescences citadines de cette ville qui gronde sans arrêt. Si la vie grouille toujours et à toute heure, il existe pourtant des endroits qui donnent l'impression d'être seul au monde.
Ici.
Une plaine de jeux inoccupée. Balançoires qui vacillent fébrilement sous la brise. Et sur l'une d'elles, Yuya vient s'asseoir, accrochant ses mains autour des cordes. Les guiboles tendues devant lui, blondie se balance paisiblement et avec nonchalance sur ce siège étroit.
Peut-être qu'il attend quelqu'un. Peut-être que son dernier message pour Satomi lui proposait de le rejoindre ici.
Toujours est-il que son regard bleu se tourne vers le ciel dépourvu d'étoiles, à moins que ce ne soit la faute à la ville et ses étincelles polluantes permanentes.
Les minutes s'égrènent, froideur nocturne qui tape sur sa peau nue tout du long des bras. Un frisson s'arrache à ses lèvres alors qu'il lui semble entendre un froissement provenir du feuillage environnant.

Allongé dans ton lit, tu sens encore cette même faim te nouer l’estomac, celle qui t’a fait perdre la tête il y a deux jours de ça… heureusement pour toi, ce n’est pas un humain qui a croisé ta route, sinon… le dénouement aurait pu être macabre… et tu ne l’aurais pas supporté... Au lieu de ça, c’est sur un Servant que tu es tombé, quelqu’un de fort, capable de se défendre du monstre qui est en toi ; ta faim est toujours là. Cette rencontre a simplement rallongé l’échéance de ton vrai repas. L’échéance de ton crime ; ce soir.

Tu as bien compris que tu ne peux attendre plus longtemps, que cela deviendra dangereux pour ta futur victime et que ton corps entier arrive à bout. De plus, les messages que tu reçois réclamant des nouvelles deviennent plus présents, et même si tu n’as pas la force d’y répondre, tu n’as aucune envie de voir quelqu’un débarquer de force chez toi pour te voir ensuite dans cet état.

Tu regardes l’heure.
Il est tard. Ou tôt. Tu ne sais pas trop et de toute façon, cela ne changera rien, tout ce qui compte, c’est qu’il fasse nuit et c’est le cas. Alors, une fois habillé, sobrement, mais toujours correctement, tu attrapes simplement tes clés et ton portable et tu sors dehors.
Le froid te donne un léger mouvement de recul, mais cela ne t’arrêtera pas, tu refermes donc doucement la porte derrière toi et te mets en route. Ta réflexion n’est pas longue, car tu es capable de penser, de réfléchir aux risques, pas comme il y a deux nuits. Tu sélectionnes le quartier le plus à même de te donner ce que tu veux, avec le moins de risques ; Shibuya. Le quartier animé de Mihara, celui qui resselle de gens inconscients, de gens bourrés qui ne se souviendront plus de ce qu’ils ont fait ; en bref, un quartier idéal pour trouver une personne pour te sustenter.

Tu n'aimes pas faire ça… c’est déjà pour ça que tu passes la plupart des mois à t’affamer brutalement, repoussant ainsi l’acte au plus tard possible. Mais il fini toujours par arriver, tu en es conscient et tu ne peux pas aller à son encontre. Ton corps animé par la faim fini par te contrôler. A chaque fois c’est la même chose.

Le trajet jusqu’au quartier, tu le fais à pied, du démarche plutôt lente même, tu mets donc un certain temps pour y arriver, mais la lune est haute dans le ciel alors tu as du temps devant toi. Maître de la nuit, incapable de sortir en journée, il serait bête de te dépêcher sans même profiter.

Les rues, bien que peuplées, le sont moins que certains soirs surement parce ce n’est pas le weekend. Malgré cette masse, tu sors du lot dans ces rues au milles lumières et néons, les regards se tournent vers toi… Peut-être est-ce ta tenue qui fait défaut ou bien ton albinisme qui appelle aux moqueries habituelles, celles que tu subissais déjà enfants. Ou bien est-ce ta façon de marcher en évitant le regard des gens, en évitant de toucher les gens. Trop peuplé pour te satisfaire, tu décides vite de changer d’itinéraire et partir pour un endroit plus calme, plus désert aussi.

Tu jettes finalement ton dévolu sur un parc se trouvant étonnement dans ce quartier. Tu ne le connais pas pour y avoir passé des soirées, non. Tu le connais pour y avoir vu se perdre des personnes ayant trop bu, facilitant ainsi ta chasse. Un bien mauvais terme que d’appeler cette activité, la chasse… mais c’est pourtant ce que c’est. Tel le monstre que tu es, tu cherches une proie sur laquelle te diriger et tu la trouves quelques minutes après. Un homme, au cheveux qui, dans l’obscurité de la nuit, et sous la lueur de la lune, apparaissent comme les tiens, blancs. Mais tu ne restes pas longtemps fixé sur ses cheveux, c’est sur son cou que tes yeux se portent tout naturellement. Pour te faciliter la tâche, le garçon est en t-shirt, il appelle clairement à la tentation.

D’une vitesse vampirique, tu approches jusqu’à te trouver dans son dos. Tes traits vampiriques dévoilés, tu attaques.

« Ne bouge pas ! » Dis-tu, usant ainsi de ton influence.

Sans attendre, tu enfonces, le plus délicatement possible, tes crocs saillants dans sa chair, et le goût si délicieux de son sang vient t’exciter les papilles, tout comme la teinte rouge vient colorer tes lèvres.

Tu espères avoir influencé le garçon afin qu’il ne bouge pas. Pour autant, l’ordre n’est pas parfait. Ils ne sont jamais parfaits. Le cerveau fonctionne et réfléchis différemment selon les personnes et même si l’ordre fonctionne, s’il ne bouge pas, il pourrait parler même, s’il ne bouge pas, il pourrait crier si son cerveau le comprend comme tel.

Mais tu n'as que faire de ses réflexions pour le moment, tu essayes de te nourrir avec hâte tout en gardant l’esprit clair au risque de perdre la tête à cause de se délicieux nectar.

Pendant une seconde il s'imagine le décor macabre, sous la pleine lune menaçante, tourniquet qui grince dans une lenteur insoutenable, le tape-cul qui retombe lourdement d'un côté. Et puis au milieu des buissons, on verrait la truffe humide de Sirius Black jaillir d'entre les ténèbres...
Vaste blague.
Sourire moqueur qui rehausse ses commissures alors qu'il lui semble appréhender la présence nichée au milieu des frondaisons. Il se balance toujours, Yuya.

- Wouaw, ça fait comme dans les films d'horreur...! Et maintenant c'est la scène où je meurs, non ?

Il s'attend à ce que ce soit au moins Satomi. Ou bien un éméché, mais ceux-là, Yuya ne les craint pas. Pas qu'il sache résister à tous les assauts, mais il est pas assez débile pour chercher à tenir tête à quelqu'un qui a plus suffisamment de neurones pour penser. C'est plus facile d'influencer ceux qui réfléchissent trop.
Dans l'obscurité, il plisse des yeux pour préciser la silhouette qui ne veut toujours pas sortir des broussailles. Et au plus les secondes passent, au moins il a l'impression que son visiteur inconnu va vouloir le faire.
Alors qu'il cesse de s'agiter sur la balançoire, raclant la terre du bout des semelles pour ralentir le va-et-vient, l'ombre a filé comme le vent jusqu'à lui.
Yuya n'a pas le temps de réagir. Ni d'être surpris.
Il a juste entendu un Ne bouge pas.
Difficile de dire si c'est le choc, la blessure soudaine, ou l'apparence de cet individu qui est venu s'accrocher à lui comme une tique. Toujours est-il qu'il sent deux pointes percer à travers sa carotide, et la sensation n'a rien d'agréable. Cela dit, il lui faut bien une paire de secondes avant d'être capable de mouvoir ses mains pour les coller au poitrail de ce type. Parce que c'est un type. Pas beaucoup plus grand que lui d'ailleurs. Des cheveux polaires, comme les siens. Et des yeux qu'il ne peut pas voir, vu sous cet angle très ambigu qui ne lui dit rien qui vaille.

- Putain mais... qu'est-ce que tu fous bordel............

L'espèce de sous-entendu homoérotique lui file un horrible frisson à l'échine. Encore, si c'était une fille... Mais non. C'est un mec. Un mec en train de lui faire un câlin presque, le nez dans le creux de son cou, à lui faire il ne sait quoi de pervers.
Animé d'un dégoût et d'une colère bruts, Yuya déchante de la balançoire, tente de se soustraire à l'emprise de l'individu malveillant tout en fichant des coups de paumes en plein dans son torse.

- T'as cru qu'j'allais pas bouger parce que tu m'l'as dit ?! Lâche-moi connard !

Il se débat comme un beau diable mais la tique refuse de se retirer, c'est une horreur. Et à mesure que les secondes s'écoulent, c'est son énergie à lui qu'il sent peu à peu quitter ses veines. Bordel mais qu'est-ce qu'il est en train de lui faire... Et c'est quoi cette force de ouf qu'il a dans les bras...? Est-ce qu'il va devoir crier pour appeler les secours ? Jamais personne l'a attaqué comme ça, Yuya. C'est quoi, un type de la fac ? Quelqu'un qui lui en veut ? C'est pas possible. Personne a jamais agressé qui que ce soit de cette manière.

Ce liquide fait briller d’un rouge éclatant tes iris et tes sens s’enveloppent dans un brouillard qui s’épaissit à mesure que tu le dégustes. Tu poursuis l’acte monstrueux que tu as commencé sans même une pensée pour l’humain, pour ta victime, celle qui n’a rien demandé et qui se trouvait là au mauvais moment. Lorsque tu comprends que ton échec, que la suggestion n’a pas marché, tu fronces les sourcils mais tu ne t’arrêtes pas, bien trop envoûté par le goût si délicieux que tu t’étais privé si longtemps.

Tu l’entends parler, mais ses paroles ne sont pas claires, car ton esprit les ignore inconsciemment. Ta proie est là, et qu’importe ses mots, tu termineras ce que tu as commencé.

Tu le sens se débattre, mais tu ne parviens pas à réagir logiquement, ta poigne se serre plutôt que de lâcher du lest et radoucir ta prise. Tu vas regretter ce qui est en train de se passer, mais c’est plus fort que toi, ta pulsion sanguine est puissante, et ton esprit est trop faible...

Du sang s’échappe parfois, venant couler le long de son cou, tachant son vêtement, tu le sens indéniablement devenir plus froid à mesure où tu aspires son essence vitale, ses coups se font plus faibles. Ton esprit réagit, mais ne s’arrête pas, trop affamé pour s’arrêter.

Non.
Shinji.
Arrête.
Tu dois te stopper.
Tu vas regretter.
Arrête le monstre qui est en toi.
Combat le.
Vite.
MAINTENANT.

Violemment, tu te détaches du cou de l’humain, laissant apparaître devant lui, tes yeux d’un rouge sanglant, et le sang qui se détache de tes lèvres et coule doucement jusqu’à ton menton. Tes mains ne lâchent pas le garçon, le soutiennent plus que lui ne se tient. Tu as été trop loin... il est fébrile mais pas inconscient. Tu t’en veux. Encore une fois. Ton regard se détériore en une fraction de seconde, l’observant d’un air coupable, presque horrifié de ton acte alors que tu n’as fait qu’un acte naturel pour toi depuis que tu es vampire. Mais tu n’y arrives pas. Avoir cette impression de surpuissance, de jouissance quand tu attaques, quand tu suces le sang d’innocent... C’est di détestable et monstrueux...

Mais tu ne peux rester comme ça. Tu ne peux le laisser comme ça. Incapable de te calmer, toujours attiré par le liquide carmin qui se trouve sous tes yeux, tes traits vampiriques ne s’effacent pas. Mais tu t’en moques, car pour l’heure, le plus important, c’est l’humain se trouvant en détresse par ta faute.

Le soutenant, sans mal au vu de ta force, tu l’amènes ou plutôt tu l’accompagnes vers un endroit plus isolé, une ruelle non loin, à demi éclairée. Pas pour poursuivre ton acte, mais pour vous protéger des yeux indiscrets qui pourraient être curieux de deux hommes dans un parc à cette heure de la nuit, surtout quand un des deux se trouve si faible.

« Calme toi. »

Ta voix se veut douce, sans méchanceté ni agressivité, tu cherches simplement à le calmer, à l’aide de la suggestion certes, mais tu espères sincèrement qu’il se calme, qu’il se pose. Car par ta faute, il doit être anémique... trop de mouvements, trop de stress et il pourrait tomber dans les pommes. Tristement pour lui, tu n’as rien sur toi à lui demander, pas un biscuit ou une boisson sucrée.

« J- je suis sincèrement désolé. T- tu dois être perdu. Effrayé... »

Ton regard est rempli de pitié à son égard et tes excuses, sincères... tu imagines totalement le bouleversement qu’il doit vivre actuellement, car toi aussi, tu es passé par là, à un moment. Alors que tu penses à ses émotions, au sentiment de frayeur qui, possiblement, l’accablent, tu penses à ton visage, à tes yeux qui sont teintés anormalement, alors tu te concentres quelques secondes, tu inspires profondément et lorsque tu expires tranquillement, tes iris reprennent leur couleur d’origine, bleu.

« Ça va aller. J- je... tu ne risques plus rien... »

De cette manière, tu insistes sur la sincérité de tes excuses, de ton inquiétude pour lui et des remords qui te rongent plus que nécessaire. Des remords mitigés... tu n’es même pas sûr de s’il s’agit réellement de ça, ou d’un quelconque de sentiment de haine envers toi-même.

« T- tu te sens comment ?! »

HRP:

Il voit flou Goto.
Il voit flou comme si c'était la dernière fois, et c'est effrayant.
Les images se brouillent, l'obscurité qui grandit, bouffe la lumière des réverbères. Son champ de vision s'éteint progressivement, la tête qui pique petit à petit du nez. Et cette sensation de vie qui glisse hors de sa jugulaire, toujours. Qui lui échappe, sans qu'il puisse rien y faire. C'est peut-être ça aussi, le plus insupportable. N'avoir rien à y faire.
L'ichor bouillant s'évade, s'enfouit sous son t-shirt.
Froid, il a froid. Il a froid comme en plein blizzard. Ses muscles s'alourdissent, remplis de plombs. Bandit qui n'a de cesse de pomper la liqueur comme un crevard. C'est vraiment ça, un putain d'assoiffé. Il faudrait qu'il n'ait rien bu depuis des lunes pour avoir agi aussi rapide que l'éclair. Parce que c'était pas une illusion non plus, ce rapprochement soudain, avant de sentir ces deux aiguilles percer dans sa chair.
Il s'effondre. Lamentablement. Comme s'il s'endormait sur place, dans les bras d'un inconnu.
Dans un autre contexte ça aurait pu être beau, mais là maintenant tout de suite, c'est un peu terrifiant. Il a tout juste le temps de se rendre compte de ça Yuya, avant de sombrer comme un bébé.
Sent tout juste qu'on le porte, qu'on l'emmène. Peut-être pour être amené à d'autres dalleux. Ou bien pour... planquer son corps. Parce que là, il vient de perdre une bonne partie de son hémoglobine, il lui reste plus grand-chose. Suffisamment pour respirer, dieu merci. Mais pour combien de temps ?
L'autre l'a embarqué dans une ruelle, bien isolée. Oui, il va l'achever et balancer sa dépouille entre les poubelles, sinon quoi ?

- Nan...

Nan ?

- ... J'me calmerai pas.

Il a du mal à bien voir. Ses yeux c'est pas ceux d'un matou, et ici y a pas suffisamment de lumière pour discerner quoi que ce soit. Sauf peut-être l'air désolé de cet autre qui a l'air d'avoir... changé d'attitude. De voix un peu, aussi. Bizarre.
Tu dois être perdu, effrayé.
No shit.

- Te fous pas d'moi enfoiré.

Il... tremble. Yuya tremble. Pas de peur. Ni même de froid. Juste, il tremble parce qu'il a plus beaucoup de force sous la peau. Ce type lui a tout pris, n'sait pas comment, (enfin si. C'est quoi ces traînées rouges au bord de ses commissures là...?) et veut pas savoir.
Au moment où il fait un pas pour aller heurter monsieur connard, Yuya se crispe une seconde et manque de s'éclater à terre. Il se rattrape de justesse en s'accrochant au rebord d'une poubelle qui vacille sous son poids.

- Merde j'me sens... j'me sens pas bien...

Comme s'il avait jeuné pendant une semaine.
En face il entend que l'autre panique, mais il voit pas pourquoi en fait, c'est à cause de lui qu'il se retrouve dans cet état. D'ailleurs, quand il y pense, les sourcils de Yuya se froncent et on peut voir qu'il ne se calme pas du tout.

- Tu m'as fait quoi putain d'bordel ?!

Le dégoût quand il lui semble apercevoir les babines pleines de sang. Bordel c'est à lui ça ?

- T'es un malade ??? Mais t'es qui !!

Réfléchit une seconde et puis plus du tout. Faut qu'il se bouge, qu'il s'active et qu'il aille chercher un flic ou deux, c'est pas possible. Il vient de se faire agresser par un taré qui lui a sucé le sang. Yuya s'ébroue, se tourne vers la sortie de la rue avant de commencer à ramper contre le mur pour aller crier au loup. Et forcément il se dit que s'il y va suffisamment vite, l'autre malade aura pas le temps de le rattraper. Parce que y a des chances qu'il veuille recommencer en plus.
Nan, le calme, on repassera.

Tu comprends vite que l’utilisation de ton pouvoir a échoué... une nouvelle fois. Tu ne t’énerves pas, pas pour ça, car tu le sais, certaines personnes en sont plus sensibles, alors que d’autres, non. Tu dois être tombé sur la mauvaise personne, mais tant pis. C’est certes frustrant, mais une réalité, donc tu es loin d’être surpuissant. C’est pour ça que c’est toujours un stress lorsque tu décides enfin de te nourrir, puisque tu es dans l’incapacité de savoir à l’avance si tu seras à même de terminer ta soirée sereinement ou non.

Les insultes fusent et sortent de sa bouche d’un naturel surprenant, tu comprends que son langage dans la vie de tous les jours ne doit pas être très soutenu. Pour autant, tu t’en moques, cela ne t’atteint pas du tout, car tu es bel et bien coupable d’un crime lui permettant, ou plutôt justifiant son vocabulaire et le comportement qu’il a à ton encontre. Il n’est pas bien, mais comment l’être quand on vient de se faire agresser totalement gratuitement dans la rue. Comment l’être quand, en face de vous, se trouve simplement un monstre assoiffé de sang, qui vient de se sustenter sur toi. Il tremble. Faiblement, mais pas assez pour que cela ne te saute pas aux yeux. Tes traits se crispe, tu t’en veux... Pourtant c’est trop tard pour regretter.

Alors qu’il essaye de se mouvoir, il perd pied et se rattrape à une poubelle sur laquelle tu apposes ta main, venant ainsi l’empêcher de tomber sur lui. Il ne se sent pas bien. Ah bon ?! Franchement, tu n’aurais pas été capable de le remarquer de toi-même s’il ne l’avait pas dit à haute voix... t’es vraiment qu’une merde d’avoir autant bu, d’avoir autant pris, d’avoir autant voler... T’es vraiment qu’une bête pour l’avoir mis dans cet état, simplement pour te contenter.

« J- »

Non, tais-toi. T’excuser à nouveau ne changera rien. Il ne semble pas propice à t’écouter et franchement, tu ne peux que le comprendre... Tu serais sûrement dans le même état que lui, si tu avais passé le même mauvais moment. Il te pose une question à laquelle tu bégayes.

« J- euh... j’ai. P- pas grand-chose. »

Quoi dire ? Quoi faire ? Absolument rien ne sera compréhensible... tu pourrais simplement lui dire la vérité, lui dire ce que tu es vraiment, mais tu ne paraitras que comme un fou à ses yeux. Les vampires existent. Quelle idiotie d’avouer cela... D’un mouvement du bras, tu viens essuyer ta bouche, sans même savoir que tu ne fais qu’empirer la situation, venant étaler le sang à demi séché sur tes joues...

« Non non. »

Mais il ne t’écoute pas. Tu le sens perdu. Plus encore. Ou bien plus effrayé... tu n’es pas sûr de ce que tu perçois chez lui, entre la colère, l’angoisse, l’incompréhension... Il chercher à partir, à fuir même, mais tu ne peux le laisser ainsi. Il n’en a pas le droit. Ce serait dangereux pour toi, comme pour lui. Il n’est clairement pas en état de rentrer seul, il pourrait tomber dans les pommes, et mourir de froid dans la nuit.

« Viens là. »
« Arrête-toi. »

Tu marches vite, pour le suivre, mais tu n’oses pas le toucher, pas encore, pas tout de suite. Tu ne veux pas l’effrayer. Toutefois, tu ne veux pas qu’il cri, tu ne veux pas que d’autres personnes se ramènent, ton bras l’atteint bientôt, tu le saisi rapidement par le bras, le rapprochant contre toi, trop vivement pour qu’il ne puisse réagir ; il finit contre toi.

« Calme toi. Je ne vais rien te faire. Rien de plus, je te le promets. »

Tu donnes tout ce que tu as, mais tu sais que seul le destin décidera de si ta suggestion fera effet cette fois. En attendant, tu ne le lâches pas, tu l’observes et attends sa réaction, tu ne peux faire que ça.

HRP:

Il y a un sérieux problème.
Et ne pas savoir où ni comment est peut-être pire.
Normalement tous les problèmes ont une solution, et pour une raison qu'il ne parvient pas à s'expliquer, la panique semble l'habiter depuis tout à l'heure et peu importe que l'autre lui dise de se calmer, ça ne change strictement rien.
Yuya n'est pas calme.
En temps normal, il l'est. Et rares sont les situations, mêmes de crises, à pouvoir le mettre dans un bad pareil. C'est peut-être même inédit. Même Satomi, elle doit pas l'avoir vu en galère comme ça souvent, à se retenir aux poubelles. La grande classe.
Mais ça n'a aucune importance face à l'impression qu'il vient de se faire littéralement vider de son sang. Il sent ses muscles et sa peau peser une tonne. Le froid environnant lui bouffe l'épiderme et peut-être même les viscères comme jamais le froid ne lui a provoqué une telle vague de désespoir. Même en Suède, les hivers sont plus doux.
Il faut qu'il rentre. Qu'il se couche, parce que sinon, il va juste se laisser écraser par terre. D'ailleurs, quand il chancèle et menace de s'écrouler à nouveau, cet espèce de vampire le rattrape pour l'amener jusqu'à lui. Et ça aussi, c'est humiliant.

- Mais pour qui tu te prends... Lâche-moi...

Quoi, le mec vient de lui pomper tout le sang et maintenant, il l'accueille gentiment dans ses bras ? Y a vraiment un problème quelque part.
Il cligne des yeux nerveusement, secoué par cette urgence primitive qui lui crie de fuir loin d'ici, loin de lui, loin de cette ruelle où on finira par retrouver son cadavre s'il ne fait rien.
Curieusement, c'est quand l'autre lui dit de s'arrêter que la marche de Yuya s'interrompe. Il lui reste quelques pas à peine à franchir avant de retrouver la rue principale, pourtant cette distance ne se réduit plus depuis qu'il s'est arrêté.
C'est très bizarre.
Tout en lui, lui crie de se barrer. De sauver sa peau. Pourtant, il a cessé de bouger. Il tremble toujours, la goutte de sueur au front, l'envie de se laisser tomber par terre. Mais il s'est arrêté. C'est comme si rien dans ses membres ne pouvait plus bouger. Ou ne le voulait. L'ironie, c'est que ce constat lui ferait presque oublier la peur tant son immobilité parfaite le stupéfait.

- Qu'est-ce qui se passe, j'peux plus bouger... Qu'est-ce que tu m'as fait encore ?

Il le regarde dans les yeux, cette fois. Avec plus d'incompréhension que de peur.
Ne pas avoir le contrôle de lui-même. Avoir l'impression d'être manipulé par une force étrangère qui ne vient pas de lui. La confusion l'envahie, se mêle à peur et colère. Le type le serre un peu plus à lui, il ne sait pas pourquoi, ça l'agace d'autant plus qu'il se débat avec une faiblesse déplorable.

- Tu veux quoi à la fin ?! T'as eu ce que tu voulais non !

Un haut-le-cœur terrible le secoue alors que la pensée que ce type a désormais le bide remplit de son sang le traverse. Bordel.
S'il se passe rien de bien d'ici les deux minutes, il va dégobiller dans les fringues de ce mec.

Tu l’agrippes, mais tu fais attention à la force que tu emploies. Tu n’as aucune envie de le blesser plus que ce que tu as déjà fait. Et le pauvre est si déboussolé, qu’une autre erreur de ta part, et tu prends le risque de ne jamais réussir à le calmer. Tu tentes de garder ton calme… tu ne vas pas t’énerver, ça, c’est sûr, mais tu n’as pas envie de paniquer davantage… cela ne servira à rien.

« non, je ne veux pas te lâcher, calme-toi. S’il te plait. »

Tu insistes, mais avec un garçon de dix centimètres de plus que toi, tu ne dois pas avoir beaucoup de prise dans tes paroles, heureusement, tu restes un vampire, et la force qu’il a, reste celle d’un humain. Il ne fait pas le poids.

Quelle frustration de ne pas être capable de l’influencer… pire encore, c’est l’ordre de s’arrêter qui fonctionner… tu regrettes déjà de ton abus dans l’utilisation de ta suggestion… il panique. Eh mince alors. Comment lui expliquer…

« ça- ça ne va pas durer. C- c’est surement la f- la fatigue- t- »

Non mais… tu trouves que ça à dire, à répondre ? Tu penses sincèrement qu’il va te dire, oh, si c’est la fatigue alors, je comprends tout à fait… bah non. A aucun moment il te répond ça… et tu le sais bien au fond de toi… la panique te gagne aussi, et tu as du mal à la gérer. Pourquoi a-t-il fallu que ton dévolu se jette sur lui. Tu plonges ton regards bleu azur dans le sien.

« j- si tu ne te calme pas, ça n’ira pas. Fait moi confiance s’il te plait. Je… je ne veux pas te faire de mal, je te jure. J’ai… enfin j’ai fait de la merde, je m’en excuse. »

Tu es sincère. Tu veux vraiment qu’il se calme. Tu n’as pas voulu que ça se déroule, et u ne veux pas que ça se déroule par la fuite du garçon, alors qu’il n’est pas en état de tenir fièrement debout, alors qu’il est perdu dans des pensées qui peut-être lui font peur. Tu souhaites qu’il se calme. Pour peut-être lui expliquer ? Lui dire ce que tu es ? Peut-être que c’est la seule chose à faire actuellement ?! Mais… va-t-il te croire ?!

« J- ce que je veux, c’est encore une fois que tu te calmes. Comment je peux réussir ça… j- »

Tu soupirs de frustration, et tu sens que ta patience se perd et s’amenuise avec ses mots et ses questions auxquelles tu te trouves rien de bons à répondre… Tu le sens vraiment pâle et ton regard s’inquiète.

« t- ça va ?! Tu veux t’asseoir ?! »

Question bête, pourquoi lui demander.

« non, non je ne sais pas pourquoi je te demande ça, allez assieds-toi. Tu seras mieux, je pense. Plus- moins risqué si tu tombes… »

Tu l’accompagnes, ou plutôt, tu l’amènes à s’asseoir, qu’importe s’il en a envie ou pas. Tu n’as pas envie qu’il s’évanouisse debout, le mieux c’est d’être le plus proche du sol, non ? Oui, bon… niveau connaissance des gestes à suivre pour des personnes qui se sentent mal, tu n’es pas la personne qu’il faut appeler.

Tu observes l’endroit. Il n’y a vraiment rien autour de vous… ni de gens, ni de distributeurs, ni même de magasin… tu claques ta langue au palet bruyamment.

« Il te faut un truc à manger là… tu sais s’il y a quelque chose autour ? »

Qu’il ne te réponde pas encore une insulte, ou une connerie, c’est vraiment un dialogue de sourd à ce niveau si vous continuez à ne pas vous écouter… Mais… peux-tu vraiment lui en vouloir de répondre ainsi, de t’insulter et de t’incendier ? Bien sûr que non. Tu es coupable. Le monstre en toi l’est, en tout cas, et toi-même tu passeras les prochains jours en t’en vouloir d’avoir céder… mais là, tout de suite, ce n’est pas le moment de penser a ça. Tu dois te sortir de cette situation, sans qu’il ne soit blessé, encore moins qu’il meurt dans un accident, car tu seras alors coupable d’avoir tué un humain… tu inspires longuement et d’une voix la plus calme possible, avec une expression la plus douce possible, tu ouvres la bouche.

« Sincèrement. Je suis désolé, mais t- tu veux bien que je t’explique, que… tu m’écoutes… que tu ne paniques pas ? »

Tu ne peux pas faire mieux que ça. Tu ne trouves plus rien à dire qui permettrait d’apaiser les craintes du garçon.

Réfléchissons.
C'est quoi ses options, actuellement ? Il peut pas fuir. Non pas qu'il n'ait pas essayé, au contraire... Mais ses jambes ont arrêté de bouger. Et la situation aurait grandement pu craindre, seulement, l'autre ne semble pas vouloir déterminé à reprendre sa torture de tout à l'heure. Bizarre, d'ailleurs. Pourquoi commencer à déglinguer quelqu'un pour ne pas l'achever derrière ? Yuya comprendrait si ce type lui en voulait personnellement ; c'est bien plus intéressant de voir la personne souffrir jusqu'à la fin de sa vie, plutôt que de la tuer tout de suite et lui épargner une existence de lutte et de douleur. Quand on y pense, on rend même un peu service en éliminant tout de suite.
L'autre lui dit calm down.
Calme-toi...
Est-ce que ça veut dire qu'il a peur, Yuya ?
C'est con de se poser la question : évidemment qu'il a les jetons. Mais lui ? Avoir peur ? Purée, ça c'est quelque chose. Maintenant qu'il y pense, il va devoir l'enregistrer celle-là. Avoir peur d'un inconnu dans une ruelle... Satomi se foutrait de sa gueule pour ça, tiens.
C'est bête mais ça le fait sourire une fraction de seconde. C'est trop rapide pour qu'un œil normal puisse le détecter, en revanche.
Oh ! Il est censé avoir peur, là !

- Je suis curieux de savoir quelle explication t'as à me donner pour ce que tu viens de faire......

La remarque est sérieuse. C'est quoi qui justifie de se jeter quelqu'un pour lui avaler son sang ? C'est une attitude de zombie, de mort-vivant, ça.
Il n'empêche que la colère, la terreur et la confusion... peu à peu s'amenuisent. Peut-être que les paroles de l'autre fonctionnent vraiment, en fin de compte. En dépit de tout ce qu'il a pu dire jusqu'à maintenant et qui a lamentablement échoué. Plus on dit à Yuya de... Moins il va. Simplement par esprit de contradiction.

- Y a un Konbini dans la grande rue. J'veux bien un Caprisun.

Difficile de dire s'il est sérieux ou pas, ou s'il ne croit pas une seule seconde que l'autre va se bouger pour lui apporter à manger. Même si c'est évident que c'est ça qu'il lui faut, de la nourriture. Comme après une bonne grosse prise de sang. Il a les membres endoloris et l'impression qu'il va s'écraser sur les briques si de sucre il n'a pas d'ici les cinq prochaines minutes.
Il s'est recroquevillé contre le mur. C'est pas commun de le voir aussi vulnérable, le blond. C'est même carrément inhabituel. Si, ça fait son petit effet sur l'ego.

- Bordel... Fait froid.

Tout à coup la fraîcheur nocturne lui mord la peau, lui qui d'ordinaire ne craint aucun vent, aucune pluie et aucune chute de neige.
Les genoux ramenés contre son torse, il sent ses os trembler, la peau de ses bras qui se dresse en chair de poule. C'était pas la bonne idée de sortir si peu couvert. Et puis le type qui le regarde sans savoir quoi faire... Mais c'est quoi ce changement d'attitude totalement bizarre ? Et pourquoi ils se regardent dans le blanc des yeux depuis quinze secondes ?

- ... Quoi, t'as besoin d'argent peut-être ?

Tu sens bien que ta prise sur le jeune homme n’est pas bonne, que ses prises de paroles piquent toujours là où ça fait mal, mais tu ne peux lui en tenir rigueur. Il a le droit de te dire tout ça, de réagir ainsi, surtout que tout ce qu’il dit est véridique, amenant ainsi tout un lot de questionnement dans tes pensées…

Qu’est-ce que tu as le droit de lui ?
Qu’est-ce que tu vas trouver à lui dire pour éviter de raconter la vérité ?
…
Tu ne sais pas.
Tu cherches encore.

Si tu pouvais éviter tout ça, si tu pouvais revenir en arrière et effacer cette soirée comme s’il n’y avait rien eu… la chasse… qu’est ce qu’un vampire peut trouver de bien à ça, cela n’amène que des problèmes ainsi qu’un stress énorme… Chez quelqu’un d’autres, cela pourrait aussi faire naître de la colère, mais tu n’es pas de ce genre, surtout pas quand tu es, toi-même, le coupable…

« hm… je… »

Pourquoi tu essayes d’ouvrir la bouche, quand tu n’as pas encore réussi à organiser tes pensées… Puis finalement, le blond continu ses réponses en te parlant d’un Konbini pas loin, et d’un caprisun…

« Un Caprisun ? » demandes-tu bêtement.

Le nom te parle vaguement, une boisson si tu ne te trompes pas, pourtant, à cet instant, c’est probablement à manger qu’il a le plus besoin, et pas juste d’une boisson, ton visage s’étire dans une moue d’incompréhension, cherchant à comprendre les mots du garçon, puis quand il parle d’avoir froid, tu changes rapidement pour de l’inquiétude…

« Froid, tu as froid ? Tu… »

Tu retires subitement ta veste pour la placer sur le garçon.

« T- tiens, ça va t’aider, tu auras moins froid avec ça. »

Et toi, tu auras plus froid, mais ce n’est pas important, pas sur l’instant. Tu ne veux pas empirer sa situation, plus qu’elle ne l’est déjà. La suggestion devrait persister encore un peu, juste le temps d’aller au fameux Kombini qu’il a mentionné, en espérant qu’il ne s’agit pas d’un mensonge.

Tu te redresses rapidement après avoir récupérer ton téléphone, pour payer, celui suffira. Tu observes le garçon en t’éloignant, lorsque tu penses être assez loin de lui, tu utilises ta vitesse vampirique pour chercher la fameuse superette, que tu trouves d’ailleurs assez vite, finalement.
A l’intérieur, tu attrapes tout un tas de choses, de la nourriture, des boissons, chaude et froide, sans vraiment trop faire attention à ce que tu attrapes, tu prends surtout plusieurs choses, dans le but d’avoir du choix, car tu ne connais pas les goûts du garçon. Tu trouves aussi un plaid que tu ajoutes à ton panier pour finalement aller payer.
De la même manière, tu reviens vers la position du garçon, toujours au sol, dans la même position que quand tu l’as laissé. Ouf, la suggestion a tenu le coup jusque maintenant, ou peut-être que c’est simplement le garçon qui n’a pas bougé ou encore, qui n’a pas remarqué avoir récupéré la liberté de ses mouvements, qu’importe, tu voilà de retour avec tout un tas de choses pour lui.

Tu t’accroupis de nouveau à ses côtés et lui présente d’abord le plaid que tu enroules autour de lui, sans vraiment lui demander son reste. Avoir chaud est le plus important, et au vu de son caractère, tu ne comptes pas, ni le ramenez chez toi, ni lui proposer de le ramener chez lui… tu as quelques appréhension quant à ses réponses, et aux quiproquos qui pourrait en découler… un peu comme Bénédikt qui a pris tes excuses comme des propositions sexuelles… Bref. Finalement, tu lui présentes les sacs contenant tous tes achats.

« T- tu as l’embarras du choix ! J- je ne savais pas quoi prendre, alors j’ai pris plusieurs trucs, en espérant que tu en aimeras certains… »

Tu hésites à poursuivre pour lui demander s’il est s’est calmé, mais… tu crains trop qu’il reparte dans une de ses phrases frustrantes envers lesquelles il semble avoir une certaine affinité. Alors tu reprends simplement ta prise de parole d’un simple : « Tu as moins froid, c’est bon ? ». C’est toi que le froid vient frapper désormais.

Il se rappelle d'un truc, un roman qu'il a vu en cours, il y a longtemps. Et ça parlait d'un docteur, un mec tout à fait charmant et serviable, qui a fini par péter un plomb après avoir été atteint par une de ses propres expériences. En tout cas, pour ce qu'il en sait. Les livres ça a jamais été trop son truc, surtout quand ça parlait d'autre chose que d'investissement et de stratégie commerciale.
Ce bouquin il s'appelait quelque chose comme Dr Jekyll et Mr Hyde, d'un certain R L Stevenson. Non pas que ça ait une quelconque importance dans notre récit, mais Yuya ne peut pas s'empêcher de faire un rapprochement entre l'attitude meurtrière de son interlocuteur, et puis cette bienveillance tout à fait soudaine et désarmante. C'est peut-être encore plus frappant que le froid ambiant.
Toujours est-il que son bon samaritain s'en est allé. Il est parti où d'ailleurs ? Il s'est enfui ? Ou il est vraiment allé acheter à manger ? What the fuck. Il devrait en profiter pour se barrer fissa, avant que l'autre ne revienne. Il suffit qu'il soit pris d'une nouvelle frénésie sanguinaire... Le souvenir de ces deux pointes logées dans sa jugulaire lui arrache un frisson de dégoût. C'est à peu près comme se dire qu'un moustique géant serait venu lui pomper tout son sang. Mais bon, tout ça n'est qu'un rêve. Demain il se réveille, et terminé.
Il est encore en train de penser au moustique, quand une brise l'assaille. En levant ses yeux, il s'aperçoit que l'autre est revenu. En un temps record. Et avec un sachet dans les mains. Et un plaid. Mère de dieu... Il se souvenait pas que la supérette était si proche ? Et surtout, que son agresseur allait vraiment lui acheter à bouffer.

- T'as vraiment un grain.

Il a encore un peu la tremblote, plus par habitude que par réel froid maintenant. La veste sur ses épaules, et maintenant le plaid. Il se fait biberonner comme s'il était avec maman, et ça a un goût assez désagréable.

- J'vais m'en sortir, je suis un grand garçon tu sais.

Toujours fébrile, le teint pale, il lui reste néanmoins assez de force pour fouiller les trouvailles de son compagnon désolé. La peur s'évacue peu à peu, partie avec les injures. Yuya n'est pas grossier en temps réel, au contraire, il est celui qui tend à rendre les autres en colère. Mais se sentir vidé, privé de contrôle et de lui-même, c'est une des pires choses. Certainement ce qui parvient à craqueler sa façade d'homme inatteignable. Se dire qu'il s'agit d'un rêve, ça aide à relativiser et croire que demain, rien de tout ça ne sera plus vrai, et personne ne se rappellera d'un Yuya fragilisé et à terre.

- Tu l'as pas trouvé, le Caprisun ? Dommage. Ce truc est tellement sucré qu'un sportif éclaterait son record à la course. Au moins t'as trouvé les meilleures barres de céréales. Cool.

Il en épluche une entre ses mains. Ses gestes sont lents, affreusement lents. C'est presque énervant.

- T'es quoi au juste ? Une sorte de vampire ?

Qu'il fait, croquant dans le chocolat aggloméré, en toute légèreté.

Un grain ? Tu ne comprends pas vraiment l’utilisation de son expression, mais peu importe, tu n’as aucun besoin de retenir tout ce qui sort de sa bouche, surtout au vu du nombre de tournures insultantes qu’il a trouvé bon de dire jusqu’à maintenant. Evidemment, tu ne lui en tiens, ni ne lui en tiendras rigueur au vu des évènements et du tords que tu lui as causé. Il est légitime pour le garçon d’être en colère, et celle-ci peut facilement amener les gens à exprimer leurs ressenti de la mauvaise façon. Enfin bref, là n’est pas la question. Tu aimerais surtout savoir s’il se sent mieux avec le plaid, et ta veste aussi d’ailleurs. Tu ressens le froid sur toi, rien d’agréable, mais le garçon est plus important que ta personne. Après tout, tu ne mourras pas d’un rhume.

« J- Je n’en doute pas. C’est juste que… c’est de ma faute si tu es dans cet état, je me dois de faire au mieux pour ta sécurité et ta santé… j- je suis vraiment désolé. »

Tu t’excuse à nouveau tout en l’observant fouiller dans le sac quelque chose qu’il pourrait manger, ce dont il a envie surtout, car il y a vraiment différents choix à l’intérieur. Tes justifications ne changeront rien de la situation, tu auras dû t’arrêter plus tôt, avant qu’il ne termine par être aussi pâle, avant qu’il ne perde la force dans tous ses membres. Tu es un incapable, Shinji, un incapable, voilà ce que tu es.

Tu frottes tes mains l’une contre l’autre, venant doucement souffler dessus et tu l’écoutes parler de son caprisun, sans n’avoir aucune idée de ce dont il parle. Le garçon semble s’être calmé, tu le ressens à ses phrases, moins agressives, moins piquantes ; c’est rassurant. En tout cas pour toi.

Toujours accroupi, tu finis par te laisser tomber au sol et tu t’installes en tailleur devant lui. Ce sera plus agréable que de tester ton équilibre, ou pire encore, le regarder de haut si tu relèves.
Deux hommes dans une ruelle, assis face à face… toujours aussi étrange comme situation, mais qu’importe, tu n’as que faire du regard des gens sur ta personne, et lui… n’a certainement pas la tête à réfléchir à ce genre de chose pour le moment.

Sa question te surprend, sans te surprendre vraiment. C’est surtout la suggestion qui te fait réagir. Ton regard se plonge dans le sien de façon intense alors que tu te perds dans des réflexions inutiles. Lui dire la vérité, ou mentir sans trouver de raison réaliste ; lui montrer tout simplement ta vraie mais au risque de l’effrayer davantage…

« Un vampire ? »

Ta voix est calme, mais pas assurée, tu hésites encore et ne sait surtout pas comment aborder la chose, c’est d’ailleurs un petit rire court et gêné qui ponctue ta prise de parole. Pour autant, il a raison et tu n’as aucune idée de quoi dire comme bêtise pour faire passer ton acte pour autre chose. Alors tu poursuis ton regard, tout en appelant le vampire en toi. En une fraction de seconde, le bleu de tes yeux disparait pour lui présenter deux pupilles d’un rouge éclatant, tant le repas a été apprécié ; pour accompagner le tout, tes deux canines saillantes et blanches s’étirent doucement pour apparaître lorsque tu ouvres la bouche.

« Oui. Tu as raison. »

Puis, l’instant suivant tu effaces toutes ses preuves de sur ton visage et reprends les traits d’un être humain classique, quoi qu’albinos tout de même. Tu examines l’homme et ses expressions appréhendant ses mots avec inconfort. Va-t-il paniquer ? Ne pas te croire ? Ce serait quand même étonnant, surtout après lui avoir montrer ceci. Toutefois, il n’est pas rare de voir des personnes refuser de croire par crainte par exemple.

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